Dimanche 26 mars, France 2 diffuse Ă 20h55 Les Saveurs du Palais avec Jean d'Ormesson. L'occasion de s'intĂ©resser Ă la discrĂšte Ă©pouse du sĂ©millant acadĂ©micien de 91 ans..."Il n'y a rien d'autre que les femmes, disait Jean d'Ormesson en avril 2015, Ă Gala. La mienne est merveilleuse, elle a Ă©tĂ© formidable pendant ma maladie un cancer, qui l'a affectĂ© en 2013, ndr. Elle n'est jamais sur le devant de la scĂšne, et a toujours Ă©tĂ© d'une grande patience."Cousine de Louis MalleIl est un fait que Françoise BĂ©ghin est d'une discrĂ©tion remarquable. Ăpouse du plus cĂ©lĂšbre des acadĂ©miciens français depuis 1962, elle se tient volontairement en retrait, laissant son mari briller seul dans les mĂ©dias. Cette compagne au long cours est pourtant issue d'une lignĂ©e toute aussi illustre que celle du comte d'Ormesson. Lorsque Jean, ĂągĂ© de 37 ans, l'Ă©pouse en octobre 1962, Françoise est dĂ©jĂ enceinte de leur fille HĂ©loĂŻse. Ce qui, dans leur milieu, mi-aristocratique mi-bourgeois, est assez peu commun. NĂ©e en 1938, la jeune femme est la troisiĂšme et derniĂšre fille de Simone de Lenzbourg et de Ferdinand BĂ©ghin. Lequel, industriel, magnat de la presse et de l'Ă©dition, est avant tout l'hĂ©ritier d'une cĂ©lĂšbre dynastie sucriĂšre qui en fait l'une des grandes fortunes de France. Parmi les neveux de Ferdinand -et donc cousin germain de Françoise- on trouve Ă©galement un artiste le cinĂ©aste Louis en... de FunĂšs !Il n'empĂȘche l'Ă©pouse de Jean d'Ormesson n'aime pas l'exposition publique. "Ma mĂšre est trĂšs effacĂ©e, concĂšde HĂ©loĂŻse Ă l'Express. Ăa lui convient Ă elle et ça lui convient trĂšs bien Ă lui. L'autoritĂ© n'est pas son domaine. Ma mĂšre fixait les limites Ă sa place." De sa propre mĂšre, Simone de Lenzbourg, de nationalitĂ© suisse et morte en 1966, Françoise a hĂ©ritĂ© avec les siens d'une maison de famille au bord du lac de Morat, oĂč l'Ă©crivain aime Ă travailler sur ses livres, dans la sĂ©rĂ©nitĂ©. "On s'y retrouvait pendant les vacances d'Ă©tĂ©, avec le patriarche, poursuit HĂ©loĂŻse d'Ormesson. Et lĂ , mon pĂšre faisait son Louis de FunĂšs il s'enroulait une serviette autour du nez..." Lui qui Ă©crit Ă la main trouve dans ce lieu, et auprĂšs de son Ă©pouse, un cĂŽtĂ© "hors du temps" qui lui plaĂźt infiniment. Le temps n'est-il pas d'ailleurs le thĂšme essentiel de l'Ćuvre de Jean d''O' ? Celui-lĂ mĂȘme qui lui a permis de traverser le demi-siĂšcle passĂ© auprĂšs de Françoise, sa discrĂšte mais capitale moitiĂ©...Diaporama Sandric Vasseur Inscrivez-vous Ă la Newsletter de pour recevoir gratuitement les derniĂšres actualitĂ©s © Bestimage 2/5 - Jean d'Ormesson et sa femme, Françoise BĂ©ghin, le 28 mai 2015, Ă l'AcadĂ©mie Française. © Bestimage 3/5 - HĂ©loĂŻse d'Ormesson est la fille unique de Jean 'D'O'. Voici l'Ă©ditrice, en 2011. © Bestimage 4/5 - Jean d'Ormesson se montre rarement en famille. Par pudeur et parce qu'il sait sĂ©parer la sphĂšre publique, oĂč il brille de mille feux, et la vie privĂ©e... qu'il garde bien privĂ©e ! Le voici, toutefois, avec son Ă©pouse Françoise BĂ©ghin, lors de l'Inauguration de la Fondation Louis Vuitton Ă Paris, le 20 octobre 2014. © Bestimage 5/5 - Jean d'Ormesson et sa femme Françoise BĂ©ghin, lors de l'Inauguration de la Fondation Louis Vuitton Ă Paris, le 20 octobre 2014.Letrain de ma vie : « A la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos Parents. On croit quâils voyageront toujours avec nous. Pourtant, Ă une station, nos De La douane de mer Ă Mon dernier rĂȘve sera pour vous, une biographie sentimentale » de Chateaubriand, en passant par Un jour je mâen irai sans avoir tout dit, sa voix nâa jamais cessĂ© de rĂ©sonner. En une quarantaine de livres, il nâa jamais cessĂ© de dire son Ă©tonnement dâexister, de deviser devant les beautĂ©s et les mystĂšres du monde. Comme il lâavait prĂ©dit, Jean le Bienheureux » nâavait pas tout dit. On le constate avec Sophie des DĂ©serts, longtemps journaliste au Nouvel Observateur avant de travailler Ă lâĂ©dition française du Vanity Fair, Ă qui il a ouvert ses portes pendant trois ans avant de disparaĂźtre. Elle signe, avec Le dernier roi soleil, un portrait intime » Ă la fois sans complaisance et bienveillant consacrĂ© Ă lâauteur de lâHistoire du Juif errant. Jean Bruno Wladimir François de Paule LefĂšvre dâOrmesson naĂźt le 16 juin 1925 Ă Paris dans le 7e arrondissement. Fils et neveu dâambassadeurs devenu normalien et agrĂ©gĂ© de philosophie, mouton noir dâune famille de lâaristocratie française, il a choisi la littĂ©rature plutĂŽt que la diplomatie ou les affaires, avant dâĂ©pouser Ă 37 ans lâune des trois filles du richissime industriel et homme dâaffaires Ferdinand BĂ©ghin. En 1971, aprĂšs cinq romans passĂ©s un peu inaperçus, il connaĂźt son premier succĂšs avec La gloire de lâEmpire, couronnĂ© par le Grand Prix du roman de lâAcadĂ©mie française. Sa verve et sa grande culture en font une formidable bĂȘte cathodique â il sera invitĂ© Ă la tĂ©lĂ©vision par Bernard Pivot 26 fois en 28 ans. Il Ă©tait ce que lâon appelle, dans le monde de lâĂ©dition française, un bon client ». EntrĂ© Ă lâAcadĂ©mie française en 1973, Ă 48 ans, dans le fauteuil de Jules Romains, mort lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente, il est parachutĂ© directeur du quotidien de droite Le Figaro, quâil va diriger de peine et de misĂšre pendant trois ans Ă partir de 1974 â malgrĂ© une expĂ©rience en journalisme presque inexistante. MallĂ©able gaulliste europĂ©en », il a pu ĂȘtre proche de François Mitterrand, soutenir sans rĂ©serve Nicolas Sarkozy, jouer du coude pour faire entrer la premiĂšre femme Ă lâAcadĂ©mie française, Marguerite Yourcenar, prĂȘcher Ă la fois pour François Fillon et faire lâĂ©loge dâEmmanuel Macron. Un parfum dâAncien RĂ©gime MĂȘlĂ© Ă lâamidon de ses chemises, un parfum dâAncien RĂ©gime flottait autour du personnage. De retour dâun court sĂ©jour au Rwanda en 1994, il Ă©crira dans Le Figaro Sâil faut tirer une leçon du Rwanda, câest que les hommes sont tous coupables et quâils sont tous innocents. » Personnage complexe et sĂ©duisant, hĂ©doniste un peu myope, Jean dâOrmesson Ă©tait habile Ă louvoyer, capable de ne rien dire sans en avoir lâair. Comme une sorte de grand courtisan, lâhomme semblait ne se sacrifier quâĂ un seul principe briller, tirer des ficelles et jouir de tout ce que la vie pouvait lui offrir. Vivre est une occupation de tous les instants. Une expĂ©rience du plus vif intĂ©rĂȘt. Une aventure unique. Le plus rĂ©ussi des romans. â Jean dâOrmesson Entre sa maison de Neuilly, riche ville en banlieue de Paris, les dĂ©jeuners en ville, les jeux de coulisses, son poste Ă lâUNESCO, les parades de sĂ©duction, le ski dans les Alpes, les bains de soleil et les Ă©tĂ©s en Corse, les virĂ©es avec son ami Gianni Agnelli â le grand patron de Fiat â, son besoin de sĂ©duction compulsive semble avoir Ă©tĂ© plus fort que tout Lâamour a Ă©tĂ© la grande affaire de mon existence », avoue-t-il Ă Sophie des DĂ©serts, avant dâajouter Peut-ĂȘtre mĂȘme la seule. » Bien quâil fut rĂ©putĂ© volage et papillonnant, il nâa jamais vraiment dĂ©sertĂ© le domicile conjugal, raconte sa biographe. Sa relation avec Malcy Ozannat, devenue son Ă©ditrice attitrĂ©e depuis leur rencontre en 1974, Ă©tait un secret de Polichinelle. Se raconter sans rien dire Que lâon apprĂ©cie ou non lâĂ©crivain, lâun des rares auteurs Ă ĂȘtre entrĂ©s de leur vivant dans la prestigieuse BibliothĂšque de la PlĂ©iade chez Gallimard avec Gide, Malraux, Sarraute et Kundera, entre autres, Le dernier roi soleil, en plus dâĂȘtre remarquablement bien Ă©crit, est aussi un fascinant portrait de classe et dâĂ©poque. Pour la plupart, ses derniers livres nâĂ©taient souvent quâune enfilade de lieux communs, dâinterrogations existentielles aussi lĂ©gĂšres que consensuelles. Personnage onctueux Ă lâĂ©goĂŻsme solaire », il maĂźtrisait comme personne lâart presque perdu de la conversation, brillant pour se raconter sans rien dire » ; depuis longtemps, son Ćuvre donnait lâimpression dâĂȘtre le prolongement de sa propre respiration. Un hosanna sans fin nây fait pas exception. Sorte de livre-testament », câest un petit ouvrage auquel il travaillait encore avant dâĂȘtre foudroyĂ© dâune crise cardiaque et de mourir entre les bras de son fidĂšle majordome Olivier en dĂ©cembre 2017, Ă lâĂąge de 92 ans. Vivre est une occupation de tous les instants, Ă©crit-il. Une expĂ©rience du plus vif intĂ©rĂȘt. Une aventure unique. Le plus rĂ©ussi des romans. » Plus loin Comme câest curieux ! Les croyants se font tuer pour ce quâils croient plus volontiers que les savants pour ce quâils savent. » JâĂ©cris comme je pisse », avoue Jean dâOrmesson Ă Sophie des DĂ©serts au cours de lâune de leurs conversations. Faux modeste ou vrai lucide ? On ne le saura jamais vraiment, lâĂ©crivain a emportĂ© avec lui son secret. Ă voir en vidĂ©o
Largent tombe sur le monde, comme une vĂ©role sur le pauvre peuple, bien aprĂšs la pensĂ©e, bien aprĂšs l'Ă©motion, le cri, le rire, la parole, et aprĂšs l'Ă©criture. Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit de Jean d' Ormesson - Jean d'Ormesson. BientĂŽt, semĂ©es sous votre peau, les puces feront partie de votre corps.Auteurs français âș XXIe siĂšcle âș vous ĂȘtes iciAuteurs françaisJean dâOrmesson1925-2017Il y a des jours, des mois, des annĂ©es interminables oĂč il ne se passe presque rien. Il y a des minutes et des secondes qui contiennent tout un monde.Jean dâOrmesson, Voyez comme on danse, 2001Sommaire Biographie Quelques Ćuvres Et moi, je vis toujours 2018 Je dirai malgrĂ© tout que cette vie fut belle 2016 Et toi mon cĆur pourquoi bas-tu 2003 LâEnfant qui attendait le train 1979 đœ 15 citations choisies de Jean dâOrmesson Bibliographie Biographie© AbacaJean LefĂšvre comte dâOrmesson, plus connu sous Jean dâOrmesson, et parfois surnommĂ© Jean dâO, nĂ© le 16 juin 1925 Ă Paris et mort le 5 dĂ©cembre 2017 Ă Neuilly-sur-Seine, est un Ă©crivain, journaliste et philosophe dâOrmesson est issu dâune illustre famille qui compte plusieurs ambassadeurs de France, dont son pĂšre, qui lui fait dĂ©couvrir lâAllemagne, le BrĂ©sil, la Roumanie. Jean dâOrmesson suit de brillantes Ă©tudes qui le conduisent tout naturellement Ă embrasser la carriĂšre de haut fonctionnaire au sein de plusieurs cabinets ministĂ©riels puis Ă lâ premier roman publiĂ© en 1956, LâAmour est un plaisir, puis Du cĂŽtĂ© de chez Jean 1959 et Au revoir et merci 1966 traduisent le plaisir de vivre et lâinsouciance de Jean dâOrmesson, avant que La Gloire de lâEmpire 1971 ne le consacre vraiment Ă©crivain, inventeur dâhistoires et dâHistoire, crĂ©ant un monde imaginaire et pourtant toujours reconnaissable, une utopie moderne nourrie de culture 1974, annĂ©e de sa nomination au poste de directeur du Figaro, Jean dâOrmesson est reçu Ă lâAcadĂ©mie française ; la mĂȘme annĂ©e, il publie Au plaisir de Dieu, une fresque sociale et familiale ayant pour toile de fond lâhistoire du siĂšcle et ses pĂ©ripĂ©ties tragiques. Ce goĂ»t de lâhistoire, on le retrouve aussi dans sa trilogie Le Vent du soir Le Vent du soir, 1985 ; Tous les hommes en sont fous, 1986 ; Le Bonheur Ă San Miniato, 1987 et dans son Histoire du Juif errant 1990. Jean dâOrmesson sây montre nostalgique dâun passĂ© perdu, celui de la douceur de vivre de lâaristocratie au siĂšcle des LumiĂšres auquel il rĂȘve dâappartenir. Mais il se garde bien de nâĂȘtre, dans ses romans comme dans ses chroniques au Figaro Magazine, quâun conservateur passĂ©iste mĂ©ditant au soir de sa vie. Il sait garder la jeunesse et la fraĂźcheur de vivre qui lâont toujours animĂ©, jetant sur le monde un regard critique souvent malicieux, comme dans La Douane de mer 1993 qui fait dialoguer Ă, nouvellement trĂ©passĂ©, et A, un extra-terrestre curieux du genre dâOrmesson est Ă©lu Ă lâAcadĂ©mie française le 18 octobre 1973, au fauteuil 12, face Ă Paul Guth, succĂ©dant Ă Jules Romains mort lâannĂ©e fait campagne pour dĂ©fendre la rĂ©ception sous la coupole de Marguerite Yourcenar, la premiĂšre femme admise Ă lâAcadĂ©mie en 1980 ; il rĂ©pond Ă son discours de remerciement en 1981 et reçoit Ă©galement Michel Mohrt en 1986 et Simone Veil le 18 mars 2010. Il Ă©tait le benjamin de lâAcadĂ©mie française Ă son 2015, Jean dâOrmesson est Ă©ditĂ© au sein de la collection de la bibliothĂšque de la PlĂ©iade des Ă©ditions Gallimard, avec un premier tome dâĆuvres choisies Au revoir et merci, La Gloire de lâEmpire, Au plaisir de Dieu, Histoire du Juif errant. Il est rare quâun auteur soit Ă©ditĂ© dans la collection de son vivant. Un second tome sera publiĂ© en livre posthume, Et moi, je vis toujours 2018, Gallimard, occupe la quatriĂšme place des meilleures ventes de romans, sept semaines aprĂšs sa sortie. Par ailleurs, Jean dâOrmesson a laissĂ© un autre manuscrit que sa fille, HĂ©loĂŻse dâOrmesson, devrait publier en automne dâOrmesson meurt dâune crise cardiaque dans la nuit du 4 au 5 dĂ©cembre 2017, Ă son domicile, Ă Neuilly-sur-Seine, Ă lâĂąge de 92 dâOrmesson est Ă©levĂ© Ă la dignitĂ© de grand-croix de lâordre national de la LĂ©gion dâhonneur le 11 juillet 2014. Il est officier de lâordre national du MĂ©rite, commandeur dans lâordre des Arts et des Lettres. Il est Ă©galement commandeur de lâordre national de la Croix du Sud, distinction du BrĂ©sil, pays oĂč il avait passĂ© une partie de son 2018, un Prix Jean dâOrmesson a Ă©tĂ© créé par sa famille en son nom. PrĂ©sidĂ© par sa veuve Françoise dâOrmesson, ce prix littĂ©raire sera dĂ©cernĂ© pour la premiĂšre fois le 6 juin 2018. Il sera placĂ© sous le signe de lâamitiĂ© et de lâamour des livres ». Parmi le jury, cinq acadĂ©miciens Dominique Bona, Marc Fumaroli, Dany LaferriĂšre, Erik Orsenna et Jean-Marie avec joie et fiertĂ© que je vous annonce la crĂ©ation du prix Jean dâOrmesson, qui sera dĂ©cernĂ© le 6 juin prochain, au Centre national du livre, pour sâapprocher de la date anniversaire de la naissance de mon pĂšre le 16 juin 1925.HĂ©loĂŻse dâOrmesson, Ă©ditrice et fille de Jean dâOrmessonQuelques ĆuvresEt moi, je vis toujours 2018Il nây a quâun seul roman â et nous en sommes Ă la fois les auteurs et les personnages lâHistoire. Tout le reste est imitation, copie, fragments Ă©pars, balbutiements. Câest lâHistoire que revisite ce roman-monde oĂč, tantĂŽt homme, tantĂŽt femme, le narrateur vole dâĂ©poque en Ă©poque et ressuscite sous nos yeux lâaventure des hommes et leurs grandes dĂ©couvertes. Vivant de cueillette et de chasse dans une nature encore vierge, il parvient, aprĂšs des millĂ©naires de marche, sur les bords du Nil oĂč se dĂ©veloppent lâagriculture et lâĂ©criture. Tour Ă tour africain, sumĂ©rien, troyen, ami dâAchille et dâUlysse, citoyen romain, juif errant, il salue lâinvention de lâimprimerie, la dĂ©couverte du Nouveau Monde, la RĂ©volution de 1789, les progrĂšs de la science. Marin, servante dans une taverne sur la montagne Sainte-GeneviĂšve, valet dâun grand peintre ou dâun astronome, maĂźtresse dâun empereur, il est chez lui Ă JĂ©rusalem, Ă Byzance, Ă Venise, Ă New York. Cette vaste entreprise dâexploration et dâadmiration finit par dessiner en creux, avec ironie et gaietĂ©, une sorte dâautobiographie intellectuelle de lâ dirai malgrĂ© tout que cette vie fut belle 2016Pour se dĂ©fendre dans un procĂšs quâil sâintente Ă lui-mĂȘme, lâauteur fait dĂ©filer au galop un passĂ© Ă©vanoui. Il va de lâĂąge dâor dâun classicisme qui rĂšgne sur lâEurope Ă lâeffondrement de ce monde dâhier » si cher Ă Stefan Zweig. De Colbert, Fouquet, Bossuet ou Racine Ă François Mitterrand, Raymond Aron, Paul Morand et Aragon. Mais les charmes dâune vie et les tourbillons de lâhistoire ne suffisent pas Ă lâaccusĂ© Vous nâimaginiez tout de mĂȘme pas, que jâallais me contenter de vous dĂ©biter des souvenirs dâenfance et de jeunesse ? Je ne me mets pas trĂšs haut, mais je ne suis pas tombĂ© assez bas pour vous livrer ce quâon appelle des MĂ©moires ». Les aventures dâun Ă©crivain qui a aimĂ© le bonheur et le plaisir en dĂ©pit de tant de malheurs cĂšdent peu Ă peu la place Ă un regard plus grave sur le drame qui ne cesse jamais de se jouer entre le temps et lâĂ©ternitĂ©, et qui nous toi mon cĆur pourquoi bas-tu 2003Disons dâabord ce que ce livre nâest pas une anthologie de plus de la poĂ©sie â ou de la littĂ©rature â française. Ce sont des proses et des poĂšmes que je connais â ou connaissais â par cĆur. Ce qui figure dans ces pages, ce sont des mots qui ne sont pas de moi et qui valent mieux que moi, mais qui, Ă force de familiaritĂ©, dâadmiration, dâune rĂ©pĂ©tition intĂ©rieure proche de la rumination, ont fini par se confondre avec moi. Ils tournent, pour la plupart, autour de ces passions qui nous donnent Ă tous tant de bonheur et tant de souffrance. Et toi mon cĆur pourquoi bats-tu. Renonçant Ă la fois Ă lâordre chronologique ou alphabĂ©tique et au classement par thĂšmes, jâai choisi de prĂ©senter en dĂ©sordre, en vrac, comme ils me venaient Ă lâesprit et au cĆur, ces mots ailĂ©s au lecteur. Jâai cherchĂ© Ă donner du plaisir, et peut-ĂȘtre nu peu dâĂ©motion. Il y a encore autre chose une Ă©lĂ©vation, une hauteur, une sorte dâappel vers ailleurs. La littĂ©rature, Ă©crit Pessoa, est la preuve que la vie ne suffit pas. » Les textes ici rĂ©unis ont le pouvoir mystĂ©rieux de rendre la vie plus belle et de transformer notre existence.Jean dâOrmessonLâEnfant qui attendait le train 1979Il Ă©tait une fois, dans une vallĂ©e lointaine entourĂ©e de montagnes, un petit garçon. Le chemin de fer passait prĂšs de chez lui et, dâaussi loin quâil se souvenait, lâenfant guettait la longue chenille dâacier qui filait comme une flĂšche Ă travers la campagne. Ce quâil souhaitait le plus au monde câĂ©tait de pouvoir, un jour, monter dans ce train. Mais, bientĂŽt il tomba trĂšs malade et ses espoirs de prendre le train sâen furent Ă mesure que sâĂ©loignaient ceux de sa guĂ©rison. DĂ©vastĂ©s, ses parents ne savaient plus comment le rĂ©conforter et, aidĂ©s du mĂ©decin, dĂ©cidĂšrent dâemmener lâenfant Ă la gare, au risque de prĂ©cipiter lâinĂ©vitable. Ce conte tendre et touchant est bercĂ© par lâespoir dâune rĂ©demption en Ă©dition illustrĂ©e pour enfants en 1979, et Ă©puisĂ© pendant des annĂ©es, ce livre quasiment inconnu du grand public enchantera petits et grands. Ćuvre inattendue de la part de Jean dâOrmesson, cette histoire sâinscrit dans la grande tradition des contes.đœ 15 citations choisies de Jean dâOrmesson Les hommes sont un peu comme Dieu tout ce quâils peuvent faire, ils le font. Ou ils le feront. Presque rien sur presque tout La science, la morale, lâhistoire se passent trĂšs bien de Dieu. Ce sont les hommes qui ne sâen passent pas. Dieu, sa vie, son Ćuvre Dans une Ă©ternitĂ© et un infini qui sont fermĂ©s Ă jamais aux ĂȘtres dans le temps, Dieu est le nom le plus commode pour le nĂ©ant et pour le tout. Presque rien sur presque tout Câest ça qui me fait peur dans le bonheur lâusure, la lassitude, lâeffilochage. LâAmour est un plaisir Peut-ĂȘtre la bicyclette, dans ce monde de machines, Ă©tait-elle Ă nos yeux une hĂ©ritiĂšre du cheval ? Au plaisir de Dieu Il est plus difficile de prouver Ă quelquâun sa bĂȘtise que sa misĂšre. Du cĂŽtĂ© de chez Jean Depuis le big bang, tout commence Ă mourir Ă lâinstant mĂȘme de naĂźtre. Lâunivers nâest quâun Ă©lan vers lâusure et la mort. Voyez comme on danse Toute mort est un mystĂšre parce que toute vie est un mystĂšre. Voyez comme on danse Il y a des jours, des mois, des annĂ©es interminables oĂč il ne se passe presque rien. Il y a des minutes et des secondes qui contiennent tout un monde. Voyez comme on danse Cette vie foisonnante de lâhistoire est si merveilleusement riche quâelle rĂ©duit Ă nĂ©ant les inventions sans gĂ©nie dâune imagination essoufflĂ©e. La Gloire de lâempire Rien nâest plus difficile pour chacun dâentre nous que de situer ce quâil a fait et de se situer soi-mĂȘme Ă sa juste mesure. CâĂ©tait bien De part et dâautre de votre prĂ©sent si fragile, le passĂ© et lâavenir sont des monstres assoiffĂ©s de temps. La CrĂ©ation du monde Jâemportais souvent, dans mes voyages, un de ces volumes de la PlĂ©iade » qui vous permettent de transporter toute une bibliothĂšque sur papier bible dans un format assez restreint. Et je choisissais Proust une fois sur deux ou trois. Le vagabond qui passe sous une ombrelle trouĂ©e Jâai aimĂ© Dieu, qui nâest rien aux yeux des hommes qui ne sont rien. Je nâai dĂ©testĂ© ni les hommes ni les femmes. Et jâai aimĂ© la vie qui est beaucoup moins que rien, mais qui est tout pour nous. Comme un chant dâespĂ©ranceBibliographie Lâamour est un plaisir, 1956 Du cĂŽtĂ© de chez Jean, 1959 Un amour pour rien, 1960 Au revoir et merci, 1966 Les Illusions de la mer, 1968 La Gloire de lâEmpire, 1971 â Grand prix du roman de lâAcadĂ©mie française, premier grand succĂšs dâĂ©dition de lâauteur. Au plaisir de Dieu, 1974 Le Vagabond qui passe sous une ombrelle trouĂ©e, 1978 Dieu, sa vie, son Ćuvre, 1981 Mon dernier rĂȘve sera pour vous, 1982 Jean qui grogne et Jean qui rit, 1984 Le Vent du soir, 1985 Tous les hommes en sont fous, 1986 Le Bonheur Ă San Miniato, 1987 Album de la PlĂ©iade Chateaubriand, 1988 Garçon de quoi Ă©crire, 1989, avec François Sureau. Histoire du Juif errant, 1990 Tant que vous penserez Ă moi, 1992 La Fureur de lire la presse, 1992 La Douane de mer, 1994 Presque rien sur presque tout, 1995 Casimir mĂšne la grande vie, 1997 Une autre histoire de la littĂ©rature française, 1997-1998 Le Rapport Gabriel, 1999 Voyez comme on danse, 2001 â Prix Combourg. CâĂ©tait bien, 2003 Et toi mon cĆur pourquoi bats-tu, 2003 Une fĂȘte en larmes, 2005 La CrĂ©ation du monde, 2006 La vie ne suffit pas Ćuvres choisies, 2007 Odeur du temps, 2007 Quâai-je donc fait, 2008 LâEnfant qui attendait un train, 2009 Saveur du temps, 2009 Câest une chose Ă©trange Ă la fin que le monde, 2010 La Conversation, 2011 Câest lâamour que nous aimons, 2012 Un jour je mâen irai sans en avoir tout dit, 2013 Comme un chant dâespĂ©rance, 2014 Dieu, les affaires et nous, chronique dâun demi-siĂšcle, 2015 Je dirai malgrĂ© tout que cette vie fut belle, 2016 â Prix Jean-Jacques-Rousseau de lâautobiographie 2016. Guide des Ă©garĂ©s, 2016 Et moi, je vis toujours, 2018Articles connexes Auteurs du XXe siĂšcle et du XXIe siĂšcle. Genres littĂ©raires Le roman. â Lâessai. â Le conte. Quâest-ce que la littĂ©rature ? Le style littĂ©raire. LâAcadĂ©mie française. Histoire de la France au XXe siĂšcle. Histoire de la langue française. Quâest-ce que lâhistoire ? â Selon Alphonse de de livresRecherche sur le site 28rĂ©sultats pour "le train de la vie jean d'ormesson" RĂSULTATS En apprendre plus sur ces rĂ©sultats. Les plus belles citations de Jean d'Ormesson de Jean d' Ormesson, Philippe Le Culture Jean d'Ormesson ses principaux livres © AFP/Archives/OLIVIER LABAN-MATTEI Voici quelques-uns des principaux livres de Jean d'Ormesson, parmi la quarantaine qu'il a Ă©crits - 1956 L'amour est un plaisir, roman Julliard - 1959 Du cĂŽtĂ© de chez Jean, essai Julliard - 1960 Un amour pour rien, roman Julliard - 1966 Au revoir et merci, essai Julliard - 1968 Les Illusions de la mer, roman Julliard - 1971 La Gloire de l'Empire Grand prix du Roman de l'AcadĂ©mie française Gallimard - 1972 Dans l'esprit des hommes, 25e anniversaire de l'UNESCO, en collaboration PUF - 1974 Au plaisir de Dieu, romani Gallimard - 1978 Le Vagabond qui passe sous une ombrelle trouĂ©e, essai Gallimard - 1981 Dieu, sa vie, son oeuvre, roman Gallimard- 1984 Jean qui grogne et Jean qui rit, chroniques Jean-Claude LattĂšs - 1985 Le Vent du soir, roman Prix Vallombrosa pour la traduction italienne Il vento della sera Jean-Claude LattĂšs - 1986 Tous les hommes en sont fous, roman Jean-Claude LattĂšs - 1987 Le Bonheur Ă San Miniato Jean-Claude LattĂšs - 1988 Album Chateaubriand Gallimard - 1991 Histoire du Juif errant, roman Gallimard - 1996 Presque rien sur presque tout, roman Gallimard - 1999 Le rapport Gabriel, roman Gallimard - 2001 Voyez comme on danse Robert Laffont - 2002 C'Ă©tait bien Gallimard - 2005 Une fĂȘte en larmes Robert Laffont - 2008 Qu'ai-je donc fait Robert Laffont - 2010 C'est une chose Ă©trange Ă la fin que le monde Robert Laffont - 2011 La conversation Robert Laffont - 2013 Un jour je m'en irai sans avoir tout dit Robert Laffont - 2015 Dieu, les affaires et nous Robert Laffont - 2016 Je dirai malgrĂ© tout que cette vie fut belle Gallimard - A paraĂźtre en 2018 Et moi, je vis toujours Gallimard 05/12/2017 091512 - Paris AFP - © 2017 AFP Je m'abonne Tous les contenus du Point en illimitĂ© Vous lisez actuellement Jean d'Ormesson ses principaux livres Jeand'Ormesson. Le train de ma vie. A la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos Parents. On croit qu'ils voyageront toujours avec nous. Pourtant, Ă une station, nos Parents descendront du train, âAs far back as I can remember, Iâve always wanted to be Jean dâOrmesson.âJean dâOrmesson mâa eu Ă lâusure. Du plus loin quâil me souvienne, je lâai toujours vu partout. Ses livres Ă©taient dans la bibliothĂšque de ma mĂšre, il passait Ă âApostrophesâ tous les vendredis, je le croisais chez le pĂšre dâĂdouard Baer, jâai mĂȘme dĂźnĂ© chez lui quand sa fille vivait avec mon Ă©diteur. Il me semble quâil a incarnĂ© depuis 40 ans ce que doit ĂȘtre un Ă©crivain français quelquâun de brillant, aristocratique et Ă©lĂ©gant, qui dit du mal de lui-mĂȘme et publie toujours le mĂȘme livre. LâAcadĂ©micien nous a reçu dans son hĂŽtel particulier de Neuilly-sur-Seine, situĂ© Ă deux cent mĂštres de lâendroit oĂč je suis nĂ©. Je ne dis pas cela pour me vanter de mes origines sociales mais pour expliquer cette discussion en forme de retour aux sources, cette conversation mondaine qui tourne au bilan. Je considĂšre que Jean dâOrmesson est injuste avec lui-mĂȘme. Câest un faux paresseux, un faux dandy, allez savoir, peut-ĂȘtre mĂȘme un vrai Whisky ? Porto ? Vodka ?GQ Je veux bien un whisky avec deux glaçons. Câest gentil. Jâai lu que vous avez Ă©tĂ© Ă Louis Le Grand, oĂč jâĂ©tais Ă©lĂšve en seconde, premiĂšre et terminale, quelques annĂ©es aprĂšs vous. Est-ce que vous avez des souvenirs de mon lycĂ©e ?JdO Oui. Je dois vous dire que je nâai jamais Ă©tĂ© Ă lâĂ©cole. Je ne sais pas ce que câest que lâĂ©cole. Mon pĂšre Ă©tait diplomate et mâa traĂźnĂ© derriĂšre lui comme une valise en Allemagne, en Roumanie, au BrĂ©sil. Et jusquâĂ 15 ans je nâai pas Ă©tĂ© Ă lâ Vous avez eu la mĂȘme enfance quâAmĂ©lie Nothomb, dont le pĂšre est Exactement. Et Ă 15 ans, je suis rentrĂ© pour quelques mois Ă Paris et jâĂ©tais Ă Louis le Grand, jâavais 14 ans, jâĂ©tais en seconde. Et câĂ©tait en 1938 je Et aprĂšs vous ĂȘtes allĂ© Ă Henri Jây suis restĂ© quelques mois et ceux dont je me souviens le mieux, câest mon professeur de Français et surtout mon professeur dâHistoire. Mon professeur dâHistoire Ă©tait quelquâun de trĂšs cĂ©lĂšbre. CâĂ©tait Bidault. Et jâaimais beaucoup Bidault qui Ă©tait directeur de lâAube et Ă©tait trĂšs anti-Munichois. CâĂ©tait en 1938 et moi Ă 13 ou 14 ans, jâĂ©tais aussi trĂšs anti-Munichois. Et jâai retrouvĂ© Bidault beaucoup plus tard en 1944, Ă la libĂ©ration de Paris. Mon frĂšre Ă©tait dans la RĂ©sistance et il mâa dit âĂ 17, 18 ans, tu pourrais faire quelque choseâ. On mâa donnĂ© une mitraillette que lâon mâa retirĂ© aussitĂŽt vu lâusage que jâen faisais. Et on mâa donnĂ© Ă porter les brassards avec la croix de Lorraine. Et jâarrive Ă Saint-François Xavier, mon sac tombe et tous les brassards se rĂ©pandent par terre. Je me suis dit que jâallais ĂȘtre fusillĂ©, puis les Allemands sont passĂ©s et nâont rien vu, les passants mâont aidĂ© Ă reprendre le sac et jâai Ă©tĂ© porter tout ça Ă un chef de la RĂ©sistance inconnu, jâai aussitĂŽt reconnu Bidault qui se souvenait de moi. Donc Bidault a Ă©tĂ© mon MaĂźtre Ă Louis le Grand et jâai prĂ©parĂ© Normale Ă Henri JMG Le ClĂ©zio vient dâavoir le Prix Nobel de LittĂ©rature, personnellement, je trouve ses livres trĂšs emmerdants. Est-ce que vous ne pensez pas que câest une punition de la lĂ©gĂšretĂ©, que ce soit toujours des auteurs trĂšs sĂ©rieux, trĂšs corrects politiquement, qui aient le Prix Nobel, et jamais des gens lĂ©gers ?JdO Dâabord, je vais vous dire, je suis trĂšs content de ce Prix Nobel parce que conformiste comme je suis, je suis trĂšs content que la France ait eu le Prix Nobel. La culture française a Ă©tĂ© attaquĂ©e en AmĂ©rique et voilĂ que nous avons deux Prix Nobel, câest formidable. Un en mĂ©decine, lâautre avec Le ClĂ©zio en littĂ©rature, câest Ă©patant. Il succĂšde Ă une lignĂ©e trĂšs brillante qui commence par Sully Prudhomme, le premier Prix Nobel, et le dernier est Claude Ensuite il y a eu Gao Xingjian, naturalisĂ© français. Ce nâest pas non plus un joyeux Ceux de Prudhomme et de Claude Simon, ce nâest pas ma tasse de thĂ©. Mais je suis probablement beaucoup plus consensuel que vous. Jâavais lu âLe procĂšs-verbalâ avec beaucoup de plaisir. Dâabord, Le ClĂ©zio est trĂšs beauâŠGQ Vous Non, il est mieux que Un genre de Viggo Mortensen en plus vieux et Alors je suis comme vous, je pense quâil nây a pas de grands Ă©crivains sans lĂ©gĂšretĂ©. Je prends des exemples tout de suite naturellement, CervantĂšs est trĂšs trĂšs drĂŽle, HomĂšre, on ne va pas dire que lâOdyssĂ©e câest pas amusant ! Câest formidablement amusant. Rabelais câest amusant, je soutiens que Chateaubriand, câest amusantâŠGQ Et Proust aussiâŠJdO Quant Ă Proust, dont les gens disent souvent quâil est ennuyeux, je ne peux pas lire Proust sans Ă©clater de rire ! Câest trĂšs drĂŽle. Il y a une exception de quelquâun que jâaime beaucoup et qui nâest pas trĂšs drĂŽle, câest Marguerite Yourcenar. Mais il y a beaucoup dâĂ©crivains, eux, qui exagĂšrent. Je me rappelle que, je ne sais plus Ă propos de qui, on avait proposĂ© pour un prix ou pour une Ă©lection Ă lâAcadĂ©mie, et je me souviens que quelquâun avait dit, Ă propos de Claudel âcâest trĂšs bien, câest trĂšs bien, mais il insiste trop sur le cĂŽtĂ© emmerdant.âGQ Alors Le ClĂ©zio câest une littĂ©rature trĂšs trĂšs sĂ©rieuseâŠGQ Ma thĂšse câest quâon punit la lĂ©gĂšretĂ©. On la paie trĂšs cher la lĂ©gĂšretĂ©. Et en fait quand on vous lit, on voit que vous nâĂȘtes pas du tout un Ă©crivain lĂ©ger, quâen rĂ©alitĂ© câest dans la vie que vous mettez un peu de superficialitĂ©, de frivolitĂ©, mais que vous avez fait Normale Sup rue dâUlm, que vous ĂȘtes agrĂ©gĂ© de philosophie, et vos livres parlent de Dieu, de la mort, de mĂ©taphysique⊠Vos livres sont plus sĂ©rieux que vous ne le laissez paraĂźtre !JdO Je vais me vanter un peu on disait Ă quelquâun que jâadmire beaucoup, et que vous admirez sĂ»rement beaucoup aussi, qui est Toulet. On disait Ă Toulet âce que vous faites est lĂ©ger.â Et Toulet rĂ©pondait âlĂ©ger, lĂ©ger, bien sur lĂ©ger comme de la cendre.â Câest un Ă©crivain qui a Ă©tĂ© trĂšs oubliĂ© et on a Ă©tĂ© quelques uns Ă le faire revivre. Je pourrais vous citer du TouletâŠGQ ⊠Toute lâaprĂšs midi ? Mais on a pas le temps parce que vous avez un rendez-vous aprĂšs. Quâest ce que câest dâailleurs que ce rendez-vous qui est plus important que notre entrevue ?JdO Il nây a pas de rendez-vous plus important que notre entrevue, mais ce sont des radios et des tĂ©lĂ©s. Je suis en train de me livrer Ă ce que vous connaissez, qui est la Est ce quâil faut faire de la promotion ? Certains auteurs ne la font pas du Jâadmire assez Le ClĂ©zio ou Modiano qui ne font rien. Les gens disent que jâadore la tĂ©lĂ©vision, ce nâest pas vrai, je nâadore pas ça. Mais quand jây suis, je ne vais pas bouder. Les gens sont dâune gentillesse Mais le danger câest quâils sont tellement gentils que lâon pourrait passer sa vie Ă aller sur tous les plateaux expliquer quâon est un Mais ce que je ne comprends pas chez Bernard-Henri LĂ©vy, que jâaime bien, et chez Houellebecq, câest quâils disent quâils sont persĂ©cutĂ©s. Ils ne sont pas persĂ©cutĂ©s, si ?GQ Non, mais trĂšs attaquĂ©s, beaucoup plus que Contrairement Ă Bernard-Henri LĂ©vy, que jâaime bien, qui est charmant, je ne pense pas que la littĂ©rature soit une guerre. Je ne fais la guerre Ă personne et je pense que la littĂ©rature est dâabord un plaisir. Un plaisir dâun niveau trĂšs Ă©levĂ©, un plaisir qui demande des efforts, un plaisir diffĂ©rent que dâaller jouer aux courses ou dâaller dans une boĂźte de nuit, mais câest un Toulet a Ă©crit Ă la Villa Navarre qui Ă©tait la maison de ma famille Ă Pau. Et il a Ă©crit ce que jâai aimĂ© le plus au monde les femmes, lâalcool et les paysages ». Et je trouve ça marrant que ce soit dans cet ordre lĂ . Vous ĂȘtes dâaccord avec le premier et le dernier mais pas tellement lâalcool ?JdO Non pas lâalcool, mais vous savez, tous mes amis sont des Câest pour ça que vous me donnez un whisky pendant que vous buvez votre thĂ©, câest trĂšs aimable. Et pourquoi tant de sobriĂ©tĂ© finalement, vous auriez pu ĂȘtre un alcoolique mondain ?JdO Je suis dĂ©jĂ un homosexuel dâhonneur. Je trouve ça Ca veut dire quoi âun homosexuel dâhonneurâ ?JdO Jâai trouvĂ© ça dans Paul Veyne, jâadmire beaucoup Paul Veyne et il a Ă©crit un petit livre sur Michel Foucault. Il avait dĂ©cernĂ© Ă Veyne le titre dâ âhomosexuel dâhonneurâ.GQ Câest honorifique mais on nâest pas obligĂ© de Exactement. On nâest pas obligĂ© de pratiquer. Jâai Ă©crit trĂšs tard, aprĂšs 30 ans. Pas parce que je ne connaissais pas la littĂ©rature, mais parce que je la connaissais un peu et que jâavais du mal Ă mâajouter Ă nos amis Ă Flaubert, Ă Stendhal, Ă Proust, Ă Aragon. Et puis, jâai fini par Ă©crire sous les ricanements de nos camaradesâŠGQ Et dans une indiffĂ©rence quasi Jâai commencĂ© parce que je voulais plaire Ă une fille, donc je dĂ©pose mon manuscrit chez GallimardâŠGQ Câest LâAmour est un plaisir ?JdO Oui. Et puis jâattends, jâattends, une semaine, pas de rĂ©ponse. Jâai appris aprĂšs quâil fallait attendre trois mois. Et je vais le dĂ©poser en face chez Julliard un samedi soir, le dimanche matin le tĂ©lĂ©phone sonne et câest Julliard qui me dit âCâest un chef dâĆuvre, câest mieux que Sagan, on va faire un succĂšs formidableâ. Ca nâa pas Ă©tĂ© un succĂšs formidable pour deux raisons. Dâabord parce que câĂ©tait moins bien que Sagan et deuxiĂšmement parce que jâavais contre moi une grande puissance qui Ă©tait Le Figaro. On nâimprimait pas mon nom dans le Figaro parce que jâavais fait un article nĂ©gatif sur Pierre Brisson, qui Ă©tait, Ă lâĂ©poque, le directeur du La fameuse phrase âon ne peut Ă la fois ĂȘtre directeur du Figaro et avoir du talentâ , qui est drĂŽle surtout quand on lâest devenu par la suite, directeur du Câest quand mĂȘme drĂŽle. Ce qui mâamuse dans la vie, câest ça ! Je me fiche du patron du Figaro, et quelques annĂ©es aprĂšs, je le deviens ! Autre exemple la famille de ma mĂšre est ultra catholique, ultra conservatrice, et câest dans cette famille-lĂ que nĂ© Lepeletier de Saint Fargeau, qui est mon arriĂšre grand-pĂšre direct par les femmes, qui Ă©tait dĂ©putĂ© de la noblesse Ă la Constituante, conventionnel, ami de Robespierre et il vote la mort du Roi. Et il est assassinĂ© le jour de lâexĂ©cution du Roi, le 21 janvier 93 par un garde du roi indignĂ© que quelquâun quâil avait vu si souvent Ă Versailles ait votĂ© sa mort. Vous voyez les contradictions ?GQ Bien sur. Mais je reviens quand mĂȘme sur La gloire de lâEmpire. Parce quâon vous reproche dâĂ©crire toujours le mĂȘme livre, et ce livre-lĂ , câest peut-ĂȘtre votre chef dâĆuvre, un roman mĂ©connu, Ă la Tolkien un peu, oĂč vous rĂ©inventez tout un monde, un pays avec des cartes gĂ©ographiques, une histoire fictive. Est-ce que finalement vous nâauriez pas eu peur dâĂȘtre un Ă©crivain dâavant garde ? Est-ce que vous nâavez pas choisi le succĂšs pour ĂȘtre aimĂ©, par facilitĂ© ?JdO TrĂšs bonne question. Jâavais donc Ă©crit ces livres chez Julliard. Et puis au bout de quatre livres qui nâavaient pas eu de succĂšs, jâai Ă©crit un livre qui sâappelle Au revoir et merci, et ça voulait dire que jâ Vous pensiez honnĂȘtement arrĂȘter ?JdO Je le pensais. JâĂ©tais Ă ce moment-lĂ Ă lâUNESCO oĂč je mâoccupais de travaux culturels sur le plan international, des congrĂšs, des trucs comme ça, lâhistoire, lâart, la philosophie ⊠Et je me suis dit que ces sciences humaines feraient un formidable roman et jâai Ă©crit un roman de 800 pages. Julliard est mort, Grasset me demandait un livre, donc jâai Ă©tĂ© lâapportĂ© au neveu de Grasset qui sâappelait Bernard Privat, si vous lâavez connu. Il me dit âTes premiers livres, câĂ©tait lĂ©ger, amusant, câĂ©tait bien. Celui-lĂ câest terrible, trĂšs dur Ă lire, 800 pages, câest difficile. On va le publier mais ne tâattends pas Ă un grand succĂšs.â Furieux, je lâai repris, je lâai apportĂ© chez Gallimard et il a fait 300 000 exemplaires. Et jâai Ă©tĂ© Ă©lu Ă lâAcadĂ©mie, sur ce CâĂ©tait en quelle annĂ©e ?JdO En A lâĂąge de 47 ans. Ce qui a fait de vous le plus jeune Ă©crivain Ă©lu Ă l Depuis le dĂ©but du siĂšcle, mais au 18Ăšme il y avait beaucoup de gens qui Ă©taient Ă©lu Ă 29 ansâŠGQ Enfin, 47 ans, câest quand mĂȘme assez rare aujourdâhui. Ca veut dire que moi qui ai 43 ans, il faudrait que je me Oui, oui, vite, vite !!!GQ ĂȘtes-vous un incompris ? Pensez-vous quâil y a un malentendu entre votre Ćuvre et votre personne publique ?JdO Nous sommes tous incompris. Quand nous lisons les articles sur nous, naturellement quand ils sont mauvais nous sommes incompris et quand ils sont bons, souvent on se dit âce nâest pas ça que je voulais dire.â Alors incompris je ne le suis sĂ»rement pas et je ne vous conseille pas de penser que vous lâĂȘtes. Parlons un peu de vous. Voulez-vous quâon fasse les choses croisĂ©es ?GQ Mais avec plaisir. Parlez-moi de moi sâil vous 99 francs, câest quand mĂȘme⊠Malraux parlait de lâirruption du roman policier dans la littĂ©rature avec Faulkner. Vous câest lâirruption de la publicitĂ© dans la littĂ©rature. Câest un Ă©vĂ©nement sociologique et littĂ©raire. Vous savez, il nây a pas de succĂšs qui nâait pas un sens quand mĂȘme. Ce qui est vrai câest quâon ne sait pas ce que la postĂ©ritĂ© Ca câest une de vos grandes angoisses ?JdO Oui, câest une angoisse. Jâaimerais que dans 30 ans, les jeunes gens lisentâŠGQ Dans 30 ans vous vivrez toujours, dâabord !JdO Vous connaissez la rĂ©ponse si belle de Woody Allen ? âQuâest ce que vous voudriez que lâon dise de vous dans 100 ans ? Il est pas mal pour son Ăąge.â Câest pas merveilleux ?GQ Bon vous mâobligez Ă lire la page 38 de Quâai-je donc fait ». Ă la page 38, vous dites âQuâai je donc fait ? La vie est dure, elle est cruelle. Il nâest pas exclu que la rĂ©ponse soit rien ! A dĂ©faut de gĂ©nieâŠâ, autodĂ©nigrement par protection ?JdO Non, ce nâest pas de la fausse modestie. Je veux bien que lâon me dise que je suis insupportablement orgueilleux. Câest vrai que jâaurais voulu⊠je ne suis pas complĂštement paranoĂŻaque, je sais que je ne suis pas Chateaubriand, ni Montaigne, ni Rimbaud. Jâaurais beaucoup voulu ĂȘtre BarrĂšs, et je ne suis pas sĂ»r de lâĂȘtre, câest vrai, je ne suis pas sĂ»r de lâ Alors vous voyez, vous aussi, tout comme Bernard Henri LĂ©vy et Houellebecq, vous vous Non, je ne me plains pas du public et des mĂ©dias. Ils mâont servi. Si je me plains de quelquâun, câest de moi. Câest moi qui nâai pas fait un livre suffisamment achevĂ©, câest moi qui nâais pas travaillĂ© assez, je nâai pas suffisamment de talent, je ne suis pas sĂ»r dâĂȘtre Mauriac ou Anatole France. Ce serait merveilleux, ce serait un rĂȘve. Vous aussi je suppose ?GQ Câest sĂ»r que je pourrais signer âLe Culte du Moiâ ! Non moi je voudrais recueillir vos conseils Ă un jeune gandin, Ă un pauvre type qui a eu du succĂšs trop tĂŽt et qui est angoissĂ© autant que vous. Quâest ce quâil faudrait pour ĂȘtre Ă la fois lĂ©ger, rigolo, sâamuser, tout en arrivant Ă se faire passer pour un Ă©crivain ?JdO Câest trĂšs difficile parce quâĂ notre Ă©poque, et ça nâa pas toujours Ă©tĂ© le cas, Ă notre Ă©poque un Ă©crivain est malheureux. Il y a des Ă©crivains qui nâont pas Ă©tĂ© malheureux, La Fontaine a toujours Ă©tĂ© lĂ©ger, Ă©blouissant, brillant. Rimbaud a changĂ© les Et Flaubert. Il faut souffrir ! Il faut rester seul !JdO Flaubert a changĂ© les choses. Je dirais que la crise de 29 a changĂ© les choses, le sida a changĂ© les Et la crise de 2008 encore Oui, 2008 va changer les choses. Et câest un grand paradoxe, le bonheur est une espĂšce de contrepoison au temps. Dans cette Ă©poque oĂč il faut souffrir pour avoir du talent, câest lâinverse, et câest ce que jâappelle le cul de la fermiĂšre. Câest vrai que jâai eu le beurre et lâargent du beurre, câest-Ă -dire que jâai eu une vie agrĂ©able, jâen ai profitĂ©, et en plus, je veux le cul de la fermiĂšre qui est la Vous dites âcâest foutu, toi comme moi FrĂ©dĂ©ric, tu souffriras toute ta vie, on ne te prendra jamais au sĂ©rieux parce que tu tâamuses tropâ. Câest affreux ce que vous venez de me dire. Je suis fichu !JdO Dâabord, mon cher FrĂ©dĂ©ric, tu as devant toi, je te tutoie, quelque chose de merveilleux devant toi, câest vrai, tu as du temps devant toi. Et moi je nâai plus beaucoup de temps. Sâil y a une mĂ©lancolie en moi, câest que le nombre dâannĂ©es devant moi devient un peu Toi tu es nĂ© en 1925 et je suis nĂ© en 40 ans de diffĂ©rence, tu te rends compteâŠGQ Oui, mais moi je picole donc mon espĂ©rance de vie est plus On pourrait jouer Houellebecq-LĂ©vy et Beigbeder-dâ Dans lâĂ©mission oĂč on Ă©tait sur Canal +, Denisot a conclu en disant vous devriez Ă©crire un livre ensemble qui sâappellerait â99 ansâ.JdO Câest une idĂ©e de gĂ©nie. Jâai une formule que lâon utilisait beaucoup pour le mariage mais quâon peut utiliser pour la vie, câest il y a 40 mauvaises annĂ©es Ă passer, aprĂšs, câest Ă©patant. Tu vas voir, maintenant tu as devant toi tout le bonheur, ça va ĂȘtre dĂ©licieux, les gens vont te reconnaĂźtre de plus en plus, tu vas devenir sĂ©rieux, tu fais un entretien avec moi, câest excellent pour toi, et excellent pour moiâŠGQ Surtout pour moi. Je recommence Ă vous vouvoyer⊠Je peux vous dire quelque chose ? Jâai lâimpression que vous avez fait semblant dâĂȘtre vieux trĂšs tĂŽt, ce qui permet dâavoir la Et maintenant je retrouve une espĂšce dâadolescence. Peut-ĂȘtre que je retombe en enfance. Câest CâĂ©tait une stratĂ©gie ou ce nâĂ©tait pas calculĂ© ?JdO Je te jure que rien nâest calculĂ©. LâidĂ©e de raison mâest Ă©trangĂšre, lâidĂ©e de stratĂ©gie mâest Mais quand mĂȘme, CâĂ©tait trĂšs novateur. Parce quâaujourdâhui, quand ils sont vieux, les Ă©crivains ont envie dâĂȘtre jeunes et voilĂ quelquâun dâassez jeune qui trĂšs tĂŽt sâest dit quâil allait se faire passer pour vieux, entrer Ă lâAcadĂ©mie, porter des cravates en tricot, comme ça on serait gentil avec lui. Et Ă lâĂ©poque ça a trĂšs bien marchĂ© cette histoire. MĂȘme Bernard Frank a cessĂ© de dire du mal de vous !JdO Il mâavait pris comme tĂȘte de turc, et je ne rĂ©pondais jamais, et un beau jourâŠGQ Je veux vous faire souffrir un peu, rappelez- moi ce quâil avait dit, la phrase la pire câĂ©tait je crois Jâadore Jean dâOrmesson. Si seulement il nâĂ©crivait pas de livres ».JdO Oui, un truc comme ça. Et alors Ă©videmment, je ne rĂ©pondais jamais, et un jour lâObservateur mâa demandĂ© si je voulais rĂ©pondre et jâai dit oui, je vais rĂ©pondre ! Et jâai fait cet article, que vous avez peut-ĂȘtre lu, et qui Ă©tait assez mĂ©chant et qui, je crois, lâa Aujourdâhui plus personne ne vous A mon Ăąge !GQ Vous voyez, vous Tu verras, tu ne seras plus Ă©reintĂ© quand tu auras 70 ans. Essaye juste de ne pas en mourir !GQ Oui, il faut rester vivant, comme dit Houellebecq. Il y a dans ce livre Quâai je donc fait, un chapitre qui est intitulĂ© une page rude Ă Ă©crire », sur cette fameuse C » et câest un basculement inĂ©dit chez vous dans la confession impudique. Câest assez inhabituel et je me disais ĂȘtes vous entrain de vous angotiser ?JdO De ?GQ De vous angotiser, de devenir Christine Angot ?JdO Non. Je vais te dire, cette histoire, dont je peux trĂšs difficilement parlerâŠGQ Ca va, il y a CâĂ©tait il y a 50 ans. Et tu le croiras si tu veux mais ça mâa terriblement marquĂ©. Dâabord parce que mon pĂšre est mort, bon, jâai couchĂ© avec ma cousine germaine, câest pas trĂšs grave, dans une familleâŠGQ CâĂ©tait la femme de votre cousin ? Ăa va, ce sont des choses qui arrivent !JdO Mais câest pour ça que je raconte la famille, ce quâĂ©tait ce Un milieu trĂšs Naturellement la sexualitĂ© nâexistait pas, la famille Ă©tait trĂšs unie. Dâailleurs, je me suis trĂšs mal conduit, parce que non seulement je suis partie avec elle mais je suis Oh, ça va !JdO Non, câest honteux. Et elle, elle est restĂ©e lĂ !GQ Câest beau dâavoir encore un pincement au cĆur trĂšs longtemps Et ça je lâai Ă©videmment beaucoup cachĂ©, je nâen parlais pas et jâai eu besoin dâen Donc vous entrez dans cette zone qui est lâautobiographie exhibitionniste qui est la grande tendance, Catherine Millet, Christine Angot, Annie ErnauxâŠJdO Dieu mâen Ah mais moi jâaime beaucoup lâautobiographie. Vous nâallez pas nous faire un tĂ©moignage, une confession ?JdO Je vais te dire, on pourra peut-ĂȘtre dire que ce livre est une biographie non Jâai une anecdote un soir, avec Bernard-Henri LĂ©vy, câest authentique, nous avions bu pour fĂȘter la sortie dâun de mes livres, je crois, LâAmour dure trois ans, et on est venu chanter lâInternationale sous vous fenĂȘtresâŠJdO en chantant âIl nâest pas, de sauveurs suprĂȘmes, Ni Dieu, ni CĂ©sar, ni tribunâGQ Câest authentique, on est venu ici Ă Neuilly avec Bernard-Henri LĂ©vy et Jean-Paul Non. Je nâĂ©tais peut-ĂȘtre pas lĂ , ou je dormais. Mais jâaurais bien chantĂ© avec DâoĂč vient cette tristesse gaie qui est dans vos livres. Vous dites âune fĂȘte en larmesâ câest un versâŠJdO Câest HomĂšre. Câest pas sublime ? SĂ»rement que jâai un tempĂ©rament heureux, mais vous mettez le doigt dessus. Lâhistoire de C » a Ă©tĂ© dramatique pour moi, et avoir perdu le chĂąteau de Saint-Fargeau a Ă©tĂ© une grande Vous Ă©tiez vraiment enracinĂ© ? On a lâimpression que vous aimez les voyages, la GrĂšce, lâItalie, et en fin de compte cet endroit lĂ comptait tant que ça ?JdO Tu veux que je te dise quelque chose que je nâai jamais dit ? En rĂ©alitĂ©, ça mâĂ©tait assez Ă©gal. Je me rappelle que quand jâavais 15, 16 ans, je passais mes Ă©tĂ©s Ă Saint-Fargeau, et quâest ce que je faisais ? Jâallais me baigner dans lâĂ©tang, je faisais du vĂ©lo, et le soir jâentendais Ă la radio Ă Saint-Tropez. Et bien que je ne boive pas et que je ne danse pas beaucoup, ça me faisait formidablement envie, et moi jâĂ©tais coincĂ© Ă Saint-Fargeau. LâidĂ©e dâĂȘtre coincĂ© lĂ me tuait et je nâaurais jamais pu mâoccuper de Saint-Fargeau. Mais jâai vu la peine que ça faisait Ă ma mĂšre. Ma mĂšre Ă©tait nĂ©e lĂ , sa mĂšre Ă©tait nĂ©e lĂ et morte lĂ , son arriĂšre grand-mĂšre Ă©tait nĂ©e lĂ et morte lĂ , et ça continuait comme çaâŠGQ Et quâest devenu Saint-Fargeau ?JdO Ce sont des Ă©tudiants qui lâont repris. Un type qui sâappelle Guyot et qui le fait vivre en faisant visiter le chĂąteau. Câest vrai que les visites ont explosĂ© en partie grĂące auâŠGQ Au livre puis au tĂ©lĂ©film, Au plaisir de Au plaisir de Dieu a Ă©tĂ© un grand succĂšs puis ensuite il y a eu le tĂ©lĂ©film de Mazoyer, que jâai adorĂ©, qui est un type charmant. Et ça a Ă©tĂ© un succĂšs. Il nây avait que deux chaĂźnes Ă cette Oui, je sais. Je lâai vu quand jâĂ©tais Quand jâĂ©tais directeur au Figaro, câest vieux, câĂ©tait il y a 30 ans, pas si vieux que ça, il nây avait pas de tĂ©lĂ©phones portables. Il y avait deux chaĂźnes seulement et on a fait 76% dâ Tout le monde regardait La France Cela faisait penser au GuĂ©pard, un GuĂ©pard Mon vieux, on a demandĂ© Ă Burt Lancaster de faire le grand pĂšre et il a acceptĂ©. Il a demandĂ© comme salaire 5 fois le budget initial. On a demandĂ© Ă Laurence Olivier, qui a acceptĂ©, qui a demandĂ© 3 fois le budget⊠En dĂ©sespoir de cause on a trouvĂ© le type qui meurt au dĂ©but dâun film que jâadore qui est Les tontons flingueurs, Jacques Dumesnil. Tout le monde critiquait ce choix mais il a Ă©tĂ© Ce nâest pas sur la dĂ©cadence mais sur lâarrivĂ©e de la modernitĂ©. Câest la fin dâune certaine Le grand complot de la modernitĂ© comme dit Michel Mohrt. En un sens, câest lâinverse de 99 Une autre cause de votre Ă©ventuelle mĂ©lancolie, câest que vous ĂȘtes un auteur mĂ©taphysique, et ça, dans tous les livres. Vous ĂȘtes quelquâun qui finalement regrette de ne pas parvenir totalement Ă croire en Attends, il faut que je dise deux petites choses. Dâabord, je passe pour un Ă©crivain catholique, câest une imposture, je ne suis pas un Ă©crivain catholique, je suis agnostique, ce qui ne veut pas dire Vous savez que vous ne savez Et câest trĂšs douloureux. Et la deuxiĂšme chose quâon mâa beaucoup dite âvous avez beaucoup Ă©crit de livres sur Dieu, finalement, est ce que vous y croyez, oui ou non ?â. Jâai Ă©crit que je ne pouvais pas dire si jây crois ou pas, on ne peut pas savoir. Nous sommes dans le temps comme les poissons sont dans lâeau. Les poissons ne pensent pas quâil y a une autre possibilitĂ© que dâĂȘtre dans lâeau et nous nâavons dâautre possibilitĂ© que dâĂȘtre dans le temps. Or, nous sortirons du temps pour entrer dans lâĂ©ternitĂ©, ça câest sĂ»r. Nous serons tous dans lâĂ©ternitĂ©. Enfin nous nây serons plus puisque nous ne serons plus. Mais quelque chose de nous aura passĂ© dans lâĂ©ternitĂ©, ne serait ce que notre souvenir. Et toute la question est de savoir si cette Ă©ternitĂ© a un sens ou si elle nâen a Est-ce que ce nâest pas la littĂ©rature lâaccĂšs Ă lâĂ©ternitĂ©, dâune certaine façon. Votre Dieu, câest la littĂ©rature. Finalement les choses sont simples. Il suffit de mâappeler et je vous explique Je vais te rĂ©pondre sincĂšrement. Dieu sait que jâai aimĂ© les livres, mais la littĂ©rature ce nâest pas grand chose Ă cĂŽtĂ© de Dieu. La seule chose câest quâon ne sait pas sâil existe. Tu sais, la formule juive que jâaime tellement câest âce quâil y a de plus important câest Dieu, quâil existe ou quâil nâexiste pas.âGQ Il y a aussi une jolie parabole avec les rabbins et le cocher dans le livre. Elle est bien, vous ne voulez pas me la raconter celle-lĂ ?JdO Elle est merveilleuse. Câest le grand rabbin qui revient dâun enterrement, il a fait un discours magnifique et son assistant lui dit âMagnifique Rabbinâ, et le rabbin lui dit âquâest ce que je fais, rien du tout, je ne suis rienâ, et son assistant se prend la tĂȘte dans les mains en criant âmais si vous nâĂȘtes rien, alors que suis-je moi ? lâombre de rienâ et son second assistant dit Ă son tour âmais câest horrible, si vous deux nâĂȘtes rien alors moi je suis encore moins que rien, je ne suis que poussiĂšreâ et le cocher tout Ă coup sâarrĂȘte, se retourne, les larmes coulent sur son visage, et lui dit âsi le grand rabbin nâest rien, que son premier assistant est moins que rien et que son second nâest que poussiĂšre, quâest ce que je suis moi pauvre cocher ?â et on entend la voix du rabbin assis dans la calĂšche qui sâĂ©crie âmais pour qui il se prend celui-lĂ !â Câest une histoire Rires. Mais je pense quand mĂȘme que votre vrai Dieu a Ă©tĂ© la Oui, mon Dieu est la littĂ©rature. La seule choseâŠGQ Câest la chose en dehors des choses matĂ©riellesâŠJdO Dans le temps, dans le temps ! Pour la durĂ©e de ma vie, oui. Mais pour lâĂ©ternité⊠Ăa nous fera une belle jambe dans lâĂ©ternitĂ©, dâavoir Ă©tĂ©, mĂȘme, de grands Est ce que vous lisez encore vos contemporains ? Jâai lu dans ce livre que vous disiez âLa littĂ©rature vivante je lâenvoie se faire foutre avec beaucoup de gaietĂ©â.JdO Jâavais mis âLa littĂ©rature vivante contemporaine, je lui chie dessusâ. Et mon Ă©ditrice mâa dit vous ne pouvez pas mettre âje lui chie dessusâ et jâai dit âquâelle aille se faire foutreâ, voilĂ âŠGQ Dernier film vu ?JdO Jâen ai vu un hier, formidable, sur TCM, de Billy Wilder, Assurance sur la mort. Avec Barbara Stanwyck et Edward G. Robinson sur un scĂ©nario de James M. DerniĂšre chanson Jâen ai entendu une tout Ă lâheure de quelquâun que jâaime, que jâai toujours bien aimĂ©âŠGQ Carla Bruni ?JdO Je dois dire que je la connaissais un peu, je ne lâavais pas revue, et un jour dans une voiture, ma fille mâa fait entendre une chanson pour RaphaĂ«l et jâai trouvĂ© ça trĂšs Et vous trouvez quâelle a une bonne influence sur son mari ?JdO Moi je crois. Je crois quâelle lui a retirĂ© un peu de beautĂ© bling-bling, je crois quâelle est trĂšs bonne Ă Oui, parce quâil aurait pu faire beaucoup de tort Ă Neuilly Ă force. Il ne faut pas que Neuilly soit trop Neuilly doit ĂȘtre horrifiĂ© par Sarkozy. Il y a quelquâun dâautre que jâaime beaucoup Ă©videmment, câest Julien Qui sâest fait tatouerâŠJdO âMarcel Duchampâ sur une Ă©paule, âJean dâOrmessonâ sur lâautre. Et je trouve que câest trĂšs bien, ce quâil Le dernier restaurant oĂč vous ayez dĂźnĂ© ?JdO Pendant des annĂ©es, jâai Ă©tĂ© dĂ©jeuner au restaurant avec des dames. Je crois que le meilleur restaurant de Paris, qui nâest pas donnĂ© dâailleurs, câest le Ah, câest trĂšs bien. Et Ă dĂ©jeuner câest trĂšs Et il y a beaucoup de bruit, mais je vais souvent lĂ avec Michel Un bel hĂŽtel que vous pourriez me conseiller ?JdO Jâai adorĂ© les hĂŽtels. Jâaurais pu vivre dâhĂŽtel en hĂŽtel. Jâaime les grands hĂŽtels, jâaime beaucoup le Ritz, le Bristol, le Beau Rivage Ă Lausanne, qui Ă©tait si cher Ă Nabokov. Les Trois Rois Ă BĂąle. PrĂ©cipite toi ! Va voir la Fondation Beyeler et va aux Trois Rois. Sinon il y a des tas de palaces Ă Ravello, en Italie. Le Caruso Belvedere Ă Ravello. Ăa ce sont des grands hĂŽtels mais il y a de petits hĂŽtels qui sont charmants. JâhĂ©siteâŠGQ Attention, il ne faut pas trop donner les bons plans oĂč lâon veut ĂȘtre tranquille. Donnez en juste un ! AllezâŠJdO A Symi, il y a de tout petits hĂŽtels merveilleux. Une Ăźle grecque, proche de la cĂŽte turque. La plus mĂ©ridionale des Ăźles grecques sâappelle Kastellorizo. Il y avait 20 000 habitants et 18 000 sont partis pour lâAustralie parce quâils nâavaient pas de travail. Il reste donc 2000 habitants et il y a un petit hĂŽtel qui correspond Ă 2000 habitants et qui est quelque choseâŠGQ Mais il faut prendre deux avions, trois bateauxâŠJdO Il faut faire Paris-AthĂšnes, AthĂšne-Rhodes, Rhodes- Kastellorizo, ça prend trois jours !GQ Vous vous habillez oĂč ?JdO De temps en temps je mâhabille en jean, et de temps en temps, je fais une folie, je prends⊠Ce quâil y a de mieux !GQ Câest quoi ? Charvet ? Hilditch ?JdO Oui, Charvet, Hilditch. Il faut un costume de Ah voilĂ . En mĂȘme temps, il ne faut pas trop le dire, il faut que ça reste secret. Votre parfum ?JdO âŠ..GQ Voyons Jean, vous ĂȘtes un sex-symbol, les filles rĂȘvent de vous. Il me faut le parfum Jean dâ Jâavais une eau de toilette qui Ă©tait LâEau de Lanvin. Et LâEau de Lanvin a disparu et Bernard Lanvin continuait pour moi la production. Pour moi et pour quelques autres, il a continuĂ© pendant 10 Vous dites que la seule chose que vous retiendrez de toute votre vie câest un escalier blanc et bleu dans les Pouilles. Je relis la fin de votre dernier livre âJâai aimĂ© lâeau, la lumiĂšre, le soleil, les matins dâĂ©tĂ©, les ports, la douceur du soir dans les collines, et une foule de dĂ©tails sans le moindre intĂ©rĂȘt, comme cet Olivier trĂšs rond dont je me souviens encore dans la baie de Fethiye.. â Câest oĂč ?JdO Fethiye, câest sur la cĂŽte Turque entre Antalya et Bodrum. Il y a une baie sublime avec un olivier Dâaccord. Bodrum câest le Saint-Tropez Non, câest sauvage comme Plus Antalya, oui, mais pas cette baie-lĂ . Et lâescalier blanc et bleu existe dans le Pouilles. Je ne me souviens plus si câest Ă Ostuni ou Ă Villa FrancaGQ Donc je me suis trompĂ©. Moi, je pensais Ă Tricase Porto. Câest un petit village au bord de la A cĂŽtĂ©. Vous connaissez les Pouilles ?Le tĂ©lĂ©phone sonne. Il prend Câest une charmante personneGQ Mais je veux en savoir plus. Mais ça ne sâarrĂȘte donc jamais ?JdO Si ça sâ Il y a quand mĂȘme un moment oĂč lâon se calme ?JdO Il reste des amies qui ont On suscite la pitiĂ© ?JdO Regarde lâĂ©tat dans lequel est François Câest vrai ? Jâai lu ses livres sur Il ne quitte plus lâhĂŽpital Il ne peut plus rentrer chez lui. Parles avec eux et tu te dis que tout va bien. Et puis tout dâun coup tout Câest Alzheimer ?JdO Quand ce nâest pas Alzheimer, câest une maladie du langage oĂč les mots viennent les uns Ă la place des Câest fou pour un Ă©crivain, de ne plus connaĂźtre les Câest Il faut avoir de la chance en fait, la chance de passer au Ă travers la haine, Ă travers la maladie, Ă travers les Et dâessayer de nâen dĂ©clencher aucune. Est-ce que ce nâest pas quand on a eu de la chance au dĂ©part quâon est finalement un peu abritĂ© ?JdO Jâai eu Ă©videmment une enfance protĂ©gĂ©e⊠On ne peut pas faire lâĂ©conomie de la rĂ©volte. Et tu vois bien que moi, nâayant pas Ă©tĂ© fasciste, nâayant pas Ă©tĂ© trotskiste, je me suis dit quâil fallait se rebeller dâune façon ou dâune autre et je suis parti avec ma cousine ! CâĂ©tait pour marquer mon indĂ©pendance. On ne peut pas faire lâĂ©conomie de la rĂ©volteâŠGQ Câest ça en fait ! Câest un Ă©lĂ©ment central de votre vie dont vous ne parlez que Je lâai cachĂ©, cachĂ©, cachĂ©âŠGQ Ta rĂ©volte câĂ©tait de foutre une espĂšce dâĂ©norme bordel dans la Jâai foutu le bordel dans la famille. Tout le monde Ă©tait en larmes. On a dit aux enfants que jâĂ©tais mort. Parce quâon nâallait pas leur expliquer ça⊠Et 20 ans aprĂšs, il y a 20 ans, je vois des neveux qui me disent âOncle Jean, vous vivez !âGQ Mais ils nâavaient pas vu la tĂ©lĂ© ou quoi ?JdO Mais ils Ă©taient tout petits, ils avaient 5 ou 6 ans et quand ils ont eu 18 ans ils ont compris que je Câest fou cette histoire. Parce que vu de lâextĂ©rieur, ça ne semble pas si grave. Ce sont des histoires trĂšs romanesques. Dâautres partent avec la sĆur de leur Ca câest un peu plus Lâamour est plus fort que tout. Et si cette histoire avec âCâ nâa pas marchĂ©, je pense quâil ne fallait pas hĂ©siter une seconde. Dâailleurs on ne les prend pas, câest comme ça ! On crĂšve derniĂšre question, câĂ©tait la fameuse question dâArthur Cravan Ă Gide Monsieur dâOrmesson, oĂč en sommes nous avec le temps ?JdO Evidemment, câest Et vous connaissez la rĂ©ponse de Gide ? Il donne lâ Il donne lâheure !GQ âil est six heures moins le quartâ. Il paraĂźt que câest inventĂ© par Si câest inventĂ©, câest trĂšs brillant aussi.
LeTrain de la Vie est une magnifique métaphore pour résumer la vie : un train à bord duquel nous montons, mais dont nous ignorons la destination.
"Ce serait atroce si nous ne mourrions pas". JEAN D'ORMESSON - L'Ă©crivain et acadĂ©micien Jean d'Ormesson, qui s'est Ă©teint dans la nuit de lundi Ă mardi Ă l'Ăąge de 92 ans, n'apprĂ©hendait pas la mort. Comme vous pouvez le voir dans la vidĂ©o ci-dessus, il confiait Ă Laurent Delahousse, en 2014 "Nous avons de la chance de mourir. La mort fait partie de la vie". Il ajoutait, sur l'antenne de LCI "L'horreur, c'est l'immortalitĂ©". En outre, lorsque l'animateur Marc-Olivier Fogiel l'interrogeait sur son cancer, l'Ă©crivain affirmait qu'il "n'avait jamais pensĂ© Ă la mort". Lors de son discours d'entrĂ©e Ă l'AcadĂ©mie Française, en 1974, Jean d'Ormesson dĂ©clarait, en hommage Ă l'Ă©crivain Jules Romains "Car il y a quelque chose de plus fort que la mort c'est la prĂ©sence des absents dans la mĂ©moire des vivants et la transmission, Ă ceux qui ne sont pas encore, du nom, de la gloire, de la puissance et de l'allĂ©gresse de ceux qui ne sont plus, mais qui vivent Ă jamais dans l'esprit et dans le cĆur de ceux qui se souviennent". Ă voir Ă©galement sur Le HuffPostLesilence de la mer et de la montagne sâassocient pour des retrouvailles comme des au-revoirMoments choisis par le poĂšte* pour mettre des mots en musique : « A la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos parents. Et on croit quâils voyageront toujours avec nous. Pourtant, Ă une station, nos parents descendront du train,Le train de la vie est un trĂšs beau texte de Jean dâOrmesson, cĂ©lĂšbre Ă©crivain et philosophe français. Câest une mĂ©taphore magnifique de la vie qui nous invite Ă savourer le moment prĂ©sent, exprimer de la gratitude, pardonner et apprĂ©cier toutes les personnes que nous pouvons rencontrer. A mĂ©diter⊠A la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos parents. Et on croit quâils voyageront toujours avec nous. Pourtant, Ă une station, nos parents descendront du train, nous laissant seuls continuer le voyage⊠Au fur et Ă mesure que le temps passe, dâautres personnes montent dans le train. Et ils seront importants notre fratrie, amis, enfants, mĂȘme lâamour de notre vie. Beaucoup dĂ©missionneront mĂȘme lâamour de notre vie et laisseront un vide plus ou moins grand. Dâautres seront si discrets quâon ne rĂ©alisera pas quâils ont quittĂ© leurs siĂšges. Ce voyage en train sera plein de joies, de peines, dâattentes, de bonjours, dâau-revoirs et dâadieux. Le succĂšs est dâavoir de bonnes relations avec tous les passagers pourvu quâon donne le meilleur de nous-mĂȘmes. On ne sait pas Ă quelle station nous descendrons. Donc vivons heureux, aimons et pardonnons ! Il est important de le faire, car lorsque nous descendrons du train, nous devrions ne laisser que des beaux souvenirs a ceux qui continuent leur voyage⊠Soyons heureux avec ce que nous avons et remercions le ciel de ce voyage fantastique. Aussi, merci dâĂȘtre un des passagers de mon train. Et si je dois descendre Ă la prochaine station, je suis content dâavoir fait un bout de chemin avec toi ! Jean dâ Ormesson 11 septembre 2019
Cliquesur le TITRE de la vidĂ©o pour dĂ©couvrir Jean d'ormesson et le train de la vie. ïžLIRE LA DESCRIPTION ïž Pour en savoir plus sur mon travail, jeDĂ©cĂ©dĂ© en dĂ©cembre 2017, Jean d'Ormesson repose dĂ©sormais dans un endroit qu'il affectionnait particuliĂšrement, comme le rĂ©vĂšle sa veuve dans les colonnes de Paris 5 dĂ©cembre prochain, cela fera dĂ©jĂ un an que Jean d'Ormesson est mort. Dans les colonnes de Paris Match, son Ă©pouse Françoise BĂ©ghin se confie Ă cĆur ouvert sur leur relation et les derniers instants de l'AcadĂ©micien. S'il a toujours vĂ©cu sa vie comme il l'entendait, Jean d'Ormesson a Ă©galement choisi l'endroit oĂč il allait reposer. Ensemble, ils en avaient parlĂ© il y a dĂ©jĂ quelques annĂ©es. "Je lui ai demandĂ© s'il Ă©tait d'accord pour que ces cendres soient dispersĂ©es Ă Venise, devant la Douane de mer", s'est souvenue sa faut dire que cet endroit avait une place particuliĂšre dans le cĆur de Jean d'Ormesson. "Nous y allions, au printemps, depuis toujours, a avouĂ© Ă Paris Match Françoise BĂ©ghin. Il m'a rĂ©pondu 'Comme tu voudras'. Alors, en janvier dernier, nous l'avons accompagnĂ© pour son dernier voyage, devant la Douane de mer". De son vivant, l'AcadĂ©micien vouait une admiration sans borne Ă l'Italie et plus particuliĂšrement Ă la CitĂ© des cet entretien Ă Paris Match, Françoise BĂ©ghin est Ă©galement revenue sur les derniers instants de son mari durant 55 ans. "L'avant-veille, Jean n'Ă©tait pas trĂšs en forme. Il n'est pas arrivĂ© Ă faire son Sudoku, raconte-t-elle Ă nos confrĂšres. HĂ©loĂŻse leur fille, NDLR est venue dĂ©jeuner. Elle Ă©tait plus inquiĂšte que moi". Quelques heures plus tard, "il a voulu aller dans la salle de bains, explique la veuve de Jean d'Ormesson. Il m'a demandĂ© de l'aider, je l'ai portĂ©. Il est tombĂ© dans mes bras. Un infarctus foudroyant."
Jeand'Ormesson est capable de participer Ă la mĂ©ditation du chemin de croix, que lâon ote la vie Ă des enfants innocents ou que lâon aide en lâoccurence par une loi des personnes Ă le faire. Le commencement et la fin de la vie nâappartiennent quâĂ Dieu. Connectez-vous pour pouvoir rĂ©pondre . HV 18 mars 2010, 21 h 06 min La rĂ©fĂ©rence auLe train de ma vie Ă la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos parents. On croit quâils voyageront toujours avec nous. Pourtant, Ă une station, nos parents descendront du train, nous laissant seuls continuer le voyageâŠAu fur et Ă mesure que le temps passe, dâautres personnes montent dans le train. Et elles seront importantes notre fratrie, nos amis, nos enfants, mĂȘme lâamour de notre vie. Beaucoup dĂ©missionneront mĂȘme Ă©ventuellement lâamour de notre vie et laisseront un vide plus ou moins seront si discrets quâon ne rĂ©alisera pas quâils ont quittĂ© leurs siĂšges. Ce voyage en train sera plein de joies, de peines, dâattentes, de bonjours, dâau revoir et dâ succĂšs est dâavoir de bonnes relations avec tous les passagers pourvu quâon donne le meilleur de nous-mĂȘmes. On ne sait pas Ă quelle station nous descendrons. Donc vivons heureux, aimons et pardonnons !Il est important de le faire, car lorsque nous descendrons du train, nous ne devrons laisser que des beaux souvenirs Ă ceux qui continuent leur voyage⊠Soyons heureux avec ce que nous avons et remercions le ciel de ce voyage fantastique. Aussi, merci dâĂȘtre un de ces passagers de mon si je dois descendre Ă la prochaine station, je suis content dâavoir fait avec vous un bout de chemin ! Je veux dire Ă chaque personne qui Ă©coutera ce texte que je vous remercie dâĂȘtre dans ma vie et de voyager dans mon train. DerniĂšre modification par Valeriu Raut Jeu, 21/04/2022 - 0638 traduction en espagnolespagnol El tren de mi vida Al nacer, subimos al tren y encontramos a nuestros padres. Creemos que siempre viajarĂĄn con nosotros. Sin embargo, en una estaciĂłn nuestros padres bajarĂĄn del tren, dejĂĄndonos solos continuar el viaje...A medida que pasa el tiempo, otras personas suben al tren. Y serĂĄn importantes nuestros hermanos, nuestros amigos, hijos, incluso el amor de nuestra vida. Muchas renunciarĂĄn incluso tal vez el amor de nuestra vida y dejarĂĄn un vacĂo mĂĄs o menos serĂĄn tan discretos que no nos daremos cuenta de que han dejado sus asientos. Este viaje en tren estarĂĄ lleno de alegrĂas, penas, esperanzas, buenos dĂas, de adiĂłses y de Ă©xito es tener buenas relaciones con todos los pasajeros con tal que demos lo mejor de nosotros mismos. No sabemos en quĂ© estaciĂłn bajaremos. ÂĄAsĂ que vivamos felices, amemos y perdonemos!Es importante hacer esto, porque cuando bajemos del tren, sĂłlo tendremos que dejar recuerdos buenos a los que continĂșan su viaje... Seamos felices con lo que tenemos y demos gracias al cielo por este viaje fantĂĄstico. AdemĂĄs, gracias por ser uno de los pasajeros de mi si tengo que bajarme en la prĂłxima estaciĂłn, ÂĄMe alegro de haber recorrido un tramo del camino contigo! Quiero decir a cada persona que escuche este texto que le agradezco por estar en mi vida y viajar en mi tren. Jeand'Ormesson et le train de la vie. Voir cette Ăpingle et d'autres images dans RĂ©flĂ©chis ! par SĂ©bastienne Hillenstedt. Trucs. Astuces. Jean D'ormesson. Neuilly Sur Seine. CrĂ©dit Photo. Gateau Anniversaire. Citations. ï»żLe train de la vie Ă la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos on croit quâils voyageront toujours avec Ă une station, nos parents descendront du train, nous laissant seuls continuer le voyageâŠAu fur et Ă mesure que le temps passe, dâautres personnes montent dans le elles seront importantes notre fratrie, nos amis, nos enfants, mĂȘme lâamour de notre dĂ©missionneront mĂȘme Ă©ventuellement lâamour de notre vie, et laisseront un vide plus ou moins seront si discrets quâon ne rĂ©alisera pas quâils ont quittĂ© leurs voyage en train sera plein de joies, de peines, dâattentes, de bonjours, dâau-revoirs et dâ succĂšs est dâavoir de bonnes relations avec tous les passagers pourvu quâon donne le meilleur de ne sait pas Ă quelle station nous descendrons, donc vivons heureux, aimons et est important de le faire car lorsque nous descendrons du train, nous ne devrons laisser que de beaux souvenirs Ă ceux qui continueront leur heureux avec ce que nous avons et remercions le ciel de ce voyage merci dâĂȘtre un des passagers de mon si je dois descendre Ă la prochaine station, je suis content dâavoir fait un bout de chemin avec vous. »Jean dâOrmesson ŰȘŰ±ŰŹÙ Ű©'Le train de ma vie' ÙÙÙÙŰ§Ù Jean d'Ormesson Ù Ù Ű§ÙÙ۱ÙŰłÙŰ© Ű„ÙÙۧÙÙŰȘÙŰ§Ù ÙŰ© Deutsch English Español Français Hungarian Italiano Nederlands Polski PortuguĂȘs (Brasil) RomĂąnÄ Svenska TĂŒrkçe ÎλληΜÎčÎșÎŹ ĐŃлгаŃŃĐșĐž Đ ŃŃŃĐșĐžĐč ĐĄŃĐżŃĐșĐž ۧÙŰč۱ۚÙŰ© ÙŰ§Ű±ŰłÛ æ„æŹèȘ íê”ìŽ A la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos Parents. On croit quâils voyageront toujours avec nous. Pourtant, Ă une station, nos Parents descendront du train, nous laissant seuls continuer le voyage. Au fur et Ă mesure que le temps passe, dâautres personnes montent dans le train. Et elles seront importantes notre fratrie, nos amis, nos enfants, mĂȘme lâamour de notre vie. Beaucoup dĂ©missionneront mĂȘme Ă©ventuellement lâamour de notre vie, et laisseront un vide plus ou moins grand. Dâautres seront si discrets quâon ne rĂ©alisera pas quâils ont quittĂ© leurs siĂšges. Ce voyage en train sera plein de joies, de peines, dâattentes, de bonjours, dâau-revoirs et dâadieux. Le succĂšs est dâavoir de bonnes relations avec tous les passagers pourvu quâon donne le meilleur de nous-mĂȘmes On ne sait pas Ă quelle station nous descendrons, donc vivons heureux, aimons et pardonnons. Il est important de le faire car lorsque nous descendrons du train, nous ne devrons laisser que de beaux souvenirs Ă ceux qui continueront leur voyage. Soyons heureux avec ce que nous avons et remercions le ciel de ce voyage fantastique. Aussi, merci dâĂȘtre un des passagers de mon train. Et si je dois descendre Ă la prochaine station, je suis content dâavoir fait un bout de chemin avec vous. Je veux dire Ă chaque personne qui lira ce texte que je vous remercie dâĂȘtre dans ma vie et de voyager dans mon train. AgĂ©de 92 ans, le trĂšs populaire Jean d'Ormesson est dĂ©cĂ©dĂ© la nuit derniĂšre. Grand-croix de la LĂ©gion dâhonneur, Officier de lâordre national du MĂ©rite. Plusieurs chaĂźnes TV Menu Je ne regrette ni d'ĂȘtre venu ni de devoir repartir vers quelque chose d'inconnu dont personne, grĂące Ă Dieu, n'a jamais pu rien savoir. J'ai trouvĂ© la vie trĂšs belle et assez longue Ă mon goĂ»t. J'ai eu de la chance. Merci. J'ai commis des fautes et des erreurs. Pardon. Pensez Ă moi de temps en temps. Saluez le monde pour moi quand je ne serai plus lĂ . C'est une drĂŽle de machine Ă faire verser des larmes de sang et Ă rendre fou de bonheur. Je me retourne encore une fois sur ce temps perdu et gagnĂ© et je me dis, je me trompe peut-ĂȘtre, qu'il m'a donnĂ© - comme ça, pour rien, avec beaucoup de grĂące et de bonne volontĂ© - ce qu'il y a eu de meilleur de toute Ă©ternitĂ© la vie d'un homme parmi les Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 25/08/2014J'Ă©crirais volontiers un Ă©loge de la paresse et de l'ennui. La paresse, rien de plus clair, est la mĂšre des chefs-d'oeuvre. TrĂšs loin de l'abrutissement qui naĂźt des grands postes et des hautes fonctions, l'ennui est cet Ă©tat bĂ©ni oĂč l'esprit dĂ©soccupĂ© aspire Ă faire sortir du nĂ©ant quelque chose d'informe et dĂ©jĂ d'idĂ©al qui n'existe pas encore. L'ennui est la marque en creux du talent, le tĂątonnement du gĂ©nie. Dieu s'ennuyait avant de crĂ©er le monde. Newton Ă©tait couchĂ© dans l'herbe et bayait aux corneilles quand il a vu tomber de l'arbre sous lequel il s'ennuyait la pomme de la gravitation universelle. Les petits esprits s'Ă©nervent au milieu de foules de choses, la plupart du temps inutiles. Les grands esprits ne font rien et s'ennuient comme Descartes enfermĂ© seul dans un poĂȘle en Allemagne » avant de dĂ©couvrir des cieux. Chateaubriand bĂąillait sa vie avant d'Ă©crire Atala, et RenĂ©, et les mĂ©moires d' Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 24/08/2014Les voyages ont longtemps constituĂ© une aventure solitaire, malcommode et dĂ©licieuse. Avec le progrĂšs foudroyant des transports, ils sont devenus une corvĂ©e collective et confortable. Ils tendent Ă se rapprocher de la dĂ©finition de CĂ©line Un petit vertige pour couillons. » Au point que le meilleur du voyage est dĂ©sormais, d'un cĂŽtĂ©, dans le projet et, de l'autre, dans le souvenir. Entre les deux, une routine de masse. Et une nouvelle servitude volontaire. Peut-ĂȘtre faudra-t-il finir, selon le voeu de Baudelaire, par nous contenter du projet, sans plus chercher jamais Ă le rĂ©aliser? Depuis toujours, le projet est aussi beau - et parfois plus beau encore - que la rĂ©alitĂ©. C'est vrai pour l'amour, c'est souvent vrai, hĂ©las! pour la littĂ©rature. Et c'est vrai pour les Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 24/08/2014Si l'univers est le fruit du hasard, si nous ne sommes rien d'autre qu'un assemblage Ă la va-comme-je-te-pousse de particules pĂ©rissables, nous n'avons pas la moindre chance d'espĂ©rer quoique ce soit aprĂšs la mort inĂ©luctable. Si Dieu, en revanche, et ce que nous appelons - Ă tort - son esprit et sa volontĂ© sont Ă l'origine de l'univers, tout est possible. MĂȘme l'invraisemblable. D'un cĂŽtĂ©, la certitude de l'absurde. De l'autre, la chance du mystĂšre. Beaucoup, tout au long de l'histoire, et surtout de notre temps, ont choisi l'absurde. Avec ses consĂ©quences. Il y a de la grandeur dans ce choix. Du dĂ©sespoir. De l'orgueil. De la grandeur. Peut-ĂȘtre par tempĂ©rament, parce que j'ai aimĂ© le bonheur, parce que je dĂ©teste le dĂ©sespoir, j'ai choisi le Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 19/08/2014 Dieu, nous dit Paul Valery, a fait le monde de rien. Le rien perce. » Le rien perce tout au long de nos vies misĂ©rables et brillantes. Et, Ă la fin, aprĂšs avoir jouĂ© avec nous comme le chat avec la souris, il se jette sur nous et il nous dĂ©vore. L'histoire est une parenthĂšse au coeur de l'Ă©ternitĂ©. Les hommes sont une parenthĂšse au coeur de l'histoire. Chacun de nous est une parenthĂšse au coeur de la foule des hommes. Tout cela fait un cortĂšge d'exceptions qui courent vers le dĂ©sastre, un feu de paille qui ne pense qu'Ă s'Ă©teindre. Tu es poussiĂšre et tu retourneras en Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 16/08/2014Chacun d'entre nous a eu au moins une chance celle d'ĂȘtre nĂ©. Comme toutes les chances, cette chance originelle aussi peut se retourner. Pour des raisons diffĂ©rentes et Ă peu prĂšs innombrables - l'argent, l'humour, la santĂ©, l'orgueil, la vanitĂ©, toutes les passions, des plus hautes aux plus basses, tous les froissements de l'esprit et du corps - , il y a des gens malheureux. Beaucoup maudissent le hasard qui les a fait sortir de ce nĂ©ant oĂč personne ne souffre jamais. Les enfants que je n'ai pas eus, disait Cioran, ne savent pas tout ce qu'ils me doivent. » Et dĂ©jĂ l'EcclĂ©siaste J'ai prĂ©fĂ©rĂ© l'Ă©tat des morts Ă celui des vivants; et j'ai estimĂ© plus heureux celui qui n'est pas nĂ© encore et n'a pas vu les maux qui sont sous le soleil. »Par Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 16/08/2014Nous autres les hommes, nous autres les femmes, nous sommes le sommet et le chef-d'oeuvre de la crĂ©ation. Les dinosaures l'ont Ă©tĂ© aussi, il y a cent millions d'annĂ©es, son chef-d'oeuvre et son sommet. On les trouve maintenant, avec beaucoup de gaietĂ©, sous la terre, dans les musĂ©es, dans des films entre Katharine Hepburn et Cary Grant. En dĂ©pit de leur pensĂ©e et malgrĂ© leur orgueil, je doute un peu que le sort lointain des hommes soit beaucoup plus enchanteur que celui des dinosaures. C'est drĂŽle s'il fallait parier, je parierais plutĂŽt sur Dieu, tombĂ© si bas dans nos sondages, que sur les hommes si contents d' Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 16/08/2014Plusieurs milliards d'annĂ©es depuis le rien. Quelque chose comme cinq milliards d'annĂ©es depuis la mise en place, dans un coin reculĂ© du ciel en expansion, du Soleil et de cette Terre oĂč il va se mettre Ă habiter. Trois milliards et demi d'annĂ©es, un peu plus, un peu moins, depuis les dĂ©buts hasardeux et encore timides de la vie d'oĂč il sort. Et puis la marche triomphale vers la station debout, vers le chant, vers le rire, vers l'amour, vers l'homme et sa pensĂ©e, il y a quelques dizaines de milliers d'annĂ©es Ă peine, un clin d'oeil, un fĂ©tu de paille. De quoi lui tourner la tĂȘte et le rendre ivre d'orgueil au lieu de l'accabler, comme il faudrait, d'un sentiment d'humilitĂ© parmi tant de Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 14/08/2014Parce que toute chose commence avec le temps meurtrier, la naissance de tout ce qui nous paraĂźt Ă©ternel avec son soleil et sa lune, avec ses Ă©toiles, avec ses jours et ses nuits qui se succĂšdent sans se lasser, avec sa longue histoire, avec ses drames et ses bonheurs, n'est rien d'autre que l'annonce de la mort. Dieu lache le temps sur le monde pour le crĂ©er et le dĂ©truire. Alpha et Omega. Vishnu et Siva. Le dĂ©but appelle la fin. La mort est l'autre nom de la Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 14/08/2014Les hommes se sont souvent interrogĂ©s sur le nĂ©ant. Celui d'aprĂšs la mort, d'abord; celui d'avant le monde, ensuite. Est-ce le mĂȘme? Qui le sait? Et surtout, dans un cas comme dans l'autre est-ce vraiment un nĂ©ant? N'y a-t-il vraiment rien dans ce que nous appelons le nĂ©ant? Il n'est pas exclu qu'il y ait quelque chose. Il est certain que rien n'est Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 14/08/2014Ne vous laissez pas abuser. Souvenez-vous de vous mĂ©fier. Et mĂȘme de l'Ă©vidence elle passe son temps Ă changer. Ne mettez trop haut ni les gens ni les choses. Ne les mettez pas trop bas. Non, ne les mettez pas trop bas. Montez. Renoncez Ă la haine elle fait plus de mal Ă ceux qui l'Ă©prouvent qu'Ă ceux qui en sont l'objet. Ne cherchez pas Ă ĂȘtre sage Ă tout prix. La folie aussi est une sagesse. Et la sagesse, une folie. Fuyez les prĂ©ceptes et les donneurs de leçons. Jetez ce livre. Faites ce que vous voulez. Et ce que vous pouvez. Pleurez quand il le faut. beaucoup ri. J'ai ri du monde et des autres et de moi. Rien n'est trĂšs important. Tout est tragique. Tout ce que nous aimons mourra. Et je mourrai moi aussi. La vie est Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 18/10/2013Il y a quelque chose de pire que de mourir c'est de ne pas mourir. J'ai tant aimĂ© la vie que j'accepte la mort comme son accomplissement. Le charme de la vie, sa grĂące, son bonheur viennent de sa prĂ©caritĂ©. Il lui suffirait de durer un peu trop pour devenir lassante et peut-ĂȘtre atroce. Les dieux, pensaient les anciens, en guise sans doute de consolation, aiment ceux qui meurent jeunes. Si un gĂ©nie, bienveillant ou malin, me proposait de prolonger ou de recommencer mon parcours dans le systĂšme implacable de l'espace et du temps, je dĂ©clinerais son offre. Nous vivons dĂ©jĂ bien plus longtemps que nos grands-parents. Une fois suffit. La messe est dite et la farce est jouĂ©e. Dieu sait si le voyage m'a plu. Je ne le referais pas volontiers. Merci beaucoup. Merci pour le sĂ©jour et merci pour le Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 18/10/2013Rien ne nous est plus proche que le temps. Pour chacun d'entre nous, le temps est aussi proche que la vie, aussi proche que le monde, aussi proche que nous-mĂȘmes. Il est au plus intime de ce que je suis et de ce que vous ĂȘtes. Nous pouvons, avec de plus en plus de facilitĂ©, nous dĂ©placer dans l'espace. Nous sommes rivĂ©s au temps et Ă notre temps. L'espace est la forme de notre puissance. Le temps est la forme de notre impuissance. Nous sommes les maĂźtres de l'espace. Le temps est notre Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 15/10/2013Nous sommes la proie depuis toujours de deux tentations symĂ©triques et funestes l'angĂ©lisme et le dĂ©sespoir. Au-delĂ d'un optimisme et d'un pessimisme Ă©galement sans fondement, la vie a toujours Ă©tĂ© et sera toujours une souffrance - et elle est un miracle elle est une fĂȘte en Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 15/10/2013Beaucoup se plaignent du prĂ©sent l'avenir est au moins aussi rongĂ© de doutes que le prĂ©sent. Qu'est-ce qui reste? Pas grand-chose. MalgrĂ© la science ou Ă cause d'elle, malgrĂ© le progrĂšs ou Ă cause de lui, nous sommes guettĂ©s par une absence d'espoir. Par trop de choses qui se rĂ©duisent Ă rien. Par un nĂ©ant surpeuplĂ©. On peut s'y faire. On a du mal. Regardez autour de Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 15/10/2013Le monde change, bien sĂ»r, mais un de ses traits ne varie pas tant qu'il y aura des hommes, ils aspireront Ă autre chose. Autre chose que ce qu'ils ont dĂ©jĂ , autre chose que la vie de chaque jour, autre chose que la vie tout court. Ils ne vivent, chacun le sait et l'Ă©prouve, que de rĂȘves et d'espoir. Ils n'ont pas fini de Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 14/10/2013A mesure que se gonfle, dans l'ocĂ©an de ce que nous ne savons pas, la sphĂšre de ce que nous savons, le nombre de points de contact entre savoir et ignorance croĂźt proportionnellement. Le savoir avance de plus en plus vite vers une question ultime qui recule plus vite encore. C'est une course Ă©blouissante et perdue d'avance, une guerre toute faite de victoires qui s'achĂšve en dĂ©faite et en aveu d'impuissance. Le ver de l'Ă©chec est dans le fruit du savoir. La science ne cerne jamais qu'une illusion de rĂ©ponse. Elle dĂ©monte tous les comment? » qui s'emboĂźtent en abĂźme. Elle Ă©choue devant le pourquoi? » qui parviendrait seul Ă mettre fin au Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 14/10/2013Peut-ĂȘtre Bach et Mozart composaient-ils des cantates et des airs d'opĂ©ra pour exprimer leur joie. Peut-ĂȘtre les peintres peignent-ils parce que le monde est beau. Je crois que les Ă©crivains Ă©crivent parce qu'ils Ă©prouvent du chagrin. Je crois qu'il y a des livres parce qu'il y a du mal dans le monde et dans le coeur des hommes. Personne n'Ă©crirait s'il n'y avait pas d'histoire. Et le moteur de l'histoire, c'est le Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 14/10/2013Ma vie a fini par se confondre avec les livres que j'ai Ă©crits. Il y a eu quelques amours qui ont comptĂ© plus que tout. Il y a eu, sur terre et sur mer, sur la neige, dans l'imagination et en songe, un tourbillon de plaisirs. Il y a eu les livres. Et puis, rien. Aime et fais ce que tu veux. Ecris des mots c'est Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 12/10/2013Qu'ai-je aimĂ© dans cette vie que j'aurai tant aimĂ©e? C'est une question que chacun de nous, Ă moins de se rĂ©signer Ă passer pour un veau, doit bien finir par se poser. Il y a dans toute existence au moins deux interrogations auxquelles se mĂȘle un peu d'angoisse. L'une au dĂ©but que faire? » Elle m'a tourmentĂ© jusqu'aux larmes. L'autre Ă la fin qu'ai-je donc fait? »Par Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 12/10/2013Je crois qu'il faut savoir vivre, et quelquefois mourir, pour des choses - comment dire?... Choisies presque au hasard. Non pas tant parce qu'elles sont vraies - qu'est-ce que la vĂ©ritĂ©? - mais parce qu'elles vous paraissent, Ă vous qui ne savez rien, plus belles, plus justes, plus grandes. Non pas tant parce qu'elles sont vraies, mais parce que vous les avez Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 12/10/2013Tout secret est un miracle. Il n'y a pas, Ă©crit Aragon, de vin plus soĂ»l que le secret. Il n'y a pas plus grand'merveille qu'Ă savoir sans partage. » Peut-ĂȘtre le monde entier n'est-il qu'un grand secret. Et quand il n'y aura plus personne pour se souvenir de nous, tout ce que nous aurons fait et pensĂ© sur cette Terre sera un secret Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 05/10/2013Je traverse le monde, je l'admire, il m'amuse, il me fait pitiĂ©. Je ne sais pas oĂč il va. Vers son terme, bien entendu. Beaucoup vous diront vers la raison, vers la justice, vers un peu plus de conscience. Vers l'intelligence? J'en doute un peu. SĂ»rement pas vers la sagesse. SĂ»rement pas vers la beautĂ©. Et pourtant vers la science et vers le savoir. Les plus ignares d'aujourd'hui en savent plus sur l'univers que les plus savants d'autrefois. Nous souffrons moins, nous vivons plus, nous partons vers d'autres mondes, nous travaillons Ă notre bonheur, Ă notre puissance et Ă de grandes catastrophes. Et peut-ĂȘtre Ă notre perte. Il n'y a rien d'impossible au pouvoir de l'esprit. Mais ce qu'il voudra, je l'ignore. Et je crains qu'il n'ignore lui-mĂȘme ce qu'il est en train de nous prĂ©parer. On ne sait le sens de l'histoire que lorsqu'elle est Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 05/10/2013J'ai beaucoup vu mourir. Il y a une dĂ©finition assez cĂ©lĂšbre de la vie C'est l'ensemble des forces qui rĂ©sistent Ă la mort. » Ma dĂ©finition Ă moi serait plutĂŽt l'inverse la vie, c'est ce qui meurt. La vie et la mort sont unies si Ă©troitement qu'elles n'ont de sens que l'une par l' Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 30/09/2013- Vous aimez les femmes? Dit Vous me plaisez beaucoup, dit Ah! Dit Marie, je veux dire les autres femmes, les femmes en Qu'est-ce que les hommes feraient sans elles? Dit Simon FussgĂ€nger. Et que feraient les femmes sans les hommes? Le monde avance et survit parce qu'il y a des hommes et des femmes et parce qu'ils font des enfants. Il n'y aurait plus de monde s'il n'y avait plus d'enfants. Pour vous, qui n'ĂȘtes pas immortels, l'amour remplace l' Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 30/09/2013J'aime beaucoup les soirs, vous savez. J'aime aussi beaucoup les matins. Pour moi qui ne change jamais, rien n'est plus beau que ces instants oĂč, Ă la diffĂ©rence du grand jour ou de la nuit dĂ©jĂ close, quelque chose enfin, quelque chose dĂ©jĂ , est en train de changer. Comme c'est plaisant, ces matins oĂč la journĂ©e s'annonce, oĂč elle est contenue toute entiĂšre! Tous les plaisirs du jour sont dans les matinĂ©es. Le monde n'est fait que de Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 30/09/2013Les rĂȘves des hommes sont pleins de grandeur - et ils sont dĂ©risoires. A commencer par les miens. Les plaisirs nous enchantent - et ils sont l'ombre d'une ombre. Le seul sort du bonheur est de se changer en souvenir. La meilleure attitude Ă l'Ă©gard de ce monde et de son histoire, et d'abord et avant tout des rĂ©ussites sociales et des grandeurs d'Ă©tablissement si ardemment poursuivies, est de les tenir Ă distance. Sortir de la poussiĂšre et retourner Ă la poussiĂšre ne mĂ©rite en aucun cas un excĂšs de rĂ©vĂ©rence. La vie est un songe et le mieux est d'en rire. Je ne cesse de me moquer de moi-mĂȘme et des autres. J'ai toujours essayĂ© de m'amuser de la briĂšvetĂ© de la Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 22/09/2013Tout ce qui est nĂ© mourra. Tout ce qui est apparu dans le temps disparaĂźtra dans le temps. Au commencement des choses, il y a un peu moins de quatorze milliards d'annĂ©es, il n'y avait que l'avenir. A la fin de ce monde et du temps, il n'y aura plus que du passĂ©. Toute l'espĂ©rance des hommes se sera changĂ©e en souvenir. En souvenir pour qui? Il n'y aura plus que ce rien Ă©ternel qui se confond avec tout, dont le monde est sorti, oĂč il retournera, et que nous appelons Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 22/09/2013Je suis un bon garçon. Au-delĂ mĂȘme des mots et de leur musique, leur servant de source et de but, quelque chose de trĂšs obscur m'attache aux autres hommes. Je prĂ©fĂšre qu'on ne les torture pas, qu'on ne les massacre pas, qu'on ne les mĂ©prise pas, qu'on ne les dĂ©truise pas, qu'on ne les humilie pas d'une façon ou d'une autre. Je crois que la vie - et pas seulement la vie des hommes - doit ĂȘtre respectĂ©e. Parce qu'une mĂȘme espĂ©rance nous unit les uns aux autres et nous soutient tous ensemble. C'est cette espĂ©rance que les pĂ©dants, je crois, appellent la Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 22/09/2013Ceux qui ne croient pas Ă Dieu font preuve d'une crĂ©dulitĂ© qui n'a rien Ă envier Ă celle qu'ils reprochent aux croyants. Ils croient Ă une foule de choses aussi peu vraisemblables que ce Dieu qu'ils rejettent tantĂŽt au hasard et Ă la nĂ©cessitĂ©, tantĂŽt Ă l'Ă©ternitĂ© de l'univers ou Ă ce mythe qu'ils avalent tout cru d'un temps dont l'origine ne poserait pas de problĂšmes. A l'homme surtout, Ă l'homme, sommet et gloire de la crĂ©ation, chef-d'oeuvre d'orgueil et trĂ©sor pour toujours, et Ă l'humanisme. J'ai le regret de l'avouer je ne crois Ă rien de tout cela. Si je croyais Ă quelque-chose, ce serait plutĂŽt Ă Dieu - s'il existe. Existe-t-il? Je n'en sais rien. J'aimerai y croire. Souvent, j'en doute. Je doute de Dieu parce que j'y crois. Je crois Ă Dieu parce que j'en doute. Je doute en Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 21/09/2013Je ne crois pas Ă grand-chose. Je me dis souvent, avec une ombre de regret, avec un peu d'inquiĂ©tude, que je ne crois presque Ă rien. Je ne crois ni aux honneurs, ni aux grandeurs d'Ă©tablissement, ni aux distinctions sociales, ni au sĂ©rieux de l'existence, ni aux institutions, ni Ă l'Etat, ni Ă l'Ă©conomie politique, ni Ă la vertu, ni Ă la vĂ©ritĂ©, ni Ă la justice des hommes, ni Ă nos fameuses valeurs. Je m'en arrange. Mais je n'y crois pas. Les mots ont remplacĂ© pour moi la patrie et la religion. C'est vrai j'ai beaucoup aimĂ© les mots. Ils sont la forme, la couleur et la musique du monde. Ils m'ont tenu lieu de patrie, ils m'ont tenu lieu de Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 21/09/2013Il y a bien quelque chose qui s'appelle le monde. Il disparaĂźtra tout entier comme nous disparaissons nous-mĂȘmes. Il y a bien quelque chose qui s'appelle l'histoire. Elle a sa logique propre, mais elle n'a pas de sens. Quand les hommes auront disparu comme disparaissent toutes choses, il n'y aura personne pour se souvenir d'eux. Le monde est beau. L'histoire existe. Cette beautĂ© et cette existence sortent du nĂ©ant pour retourner dans le nĂ©ant. Il y a un grand rĂȘve qui est le monde. Et dans ce grand rĂȘve, un autre rĂȘve qui est la vie. Et dans ce rĂȘve, encore un rĂȘve qui est notre existence. Et tous ces rĂȘves n'ont pas de sens et ils sont Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 21/09/2013Nous ne savons rien de l'avenir. Sauf une chose nous mourrons tous. Les nombres, les mathĂ©matiques, la science sont irrĂ©futables. Notre mort aussi. Elle est une des rares certitudes dont nous puissions nous targuer. De l'EcclĂ©siaste et de Pyrrhon, le maĂźtre du scepticisme, Ă Montaigne, Ă Descartes et au dĂ©sespĂ©rĂ© qui va se jeter par la fenĂȘtre parce qu'il ne croit plus Ă rien, les hommes peuvent tout mettre en doute - sauf leur mort inĂ©luctable. MĂȘme les fous, mĂȘme les sages, mĂȘme les puissants, mĂȘme les rois, mĂȘme le Fils de Dieu puisqu'il s'Ă©tait fait homme, savent qu'un jour ils mourront. Tous le savent dur comme fer, mais, pour pouvoir continuer Ă vivre, ils font semblant de l'oublier. Les hommes ont peur de la mort et ils ensevelissent sa pensĂ©e comme ils ensevelissent leurs semblables. On n'entend dans les funĂ©railles, Ă©crit Bossuet avec une espĂšce de sauvagerie, que des paroles d'Ă©tonnement de ce que ce mortel est mort. »Par Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 20/09/2013Je ne sais pas si Dieu existe mais, depuis toujours, je l'espĂšre avec force. Parce qu'il faudrait qu'existe tout de mĂȘme ailleurs quelque chose qui ressemble d'un peu plus prĂšs que chez nous Ă une justice et Ă une vĂ©ritĂ© que nous ne cessons de rechercher, que nous devons poursuivre et que nous n'atteindrons jamais. De temps en temps, je l'avoue, le doute l'emporte sur l'espĂ©rance. Et, de temps en temps, l'espĂ©rance l'emporte sur le doute. Ce cruel Ă©tat d'incertitude, cette fluctuatio animi » pour parler comme Spinoza, ne durera pas toujours. GrĂące Ă Dieu, je Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 20/09/2013Le big bang et le mur de Planck marquent les limites entre le domaine des phĂ©nomĂšnes et de l'expĂ©rimentation qui nous est familier et un no man's land inconnu dont nous ne pouvons rien savoir et qui n'existe peut-ĂȘtre mĂȘme pas. Nos sens n'y ont pas accĂšs. Nos lois n'y fonctionnent plus. Si bien adaptĂ©e au monde autour de nous, l'intelligence humaine ne peut pas le concevoir. C'est le rĂšgne de la fiction, du roman non Ă©crit, de la poĂ©sie sans paroles. C'est le royaume de l'espĂ©rance. C'est le royaume de la foi. Chacun peut y mettre ce qu'il veut. Et mĂȘme le refuser et n'y voir qu'une illusion, une mystification, une imposture. C'est cette nuit obscure que les hommes appellent Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 20/09/2013Le prĂ©sent est une prison sans barreaux, un filet invisible, sans odeur et sans masse, qui nous enveloppe de partout. Il n'a ni apparence ni existence, et nous n'en sortons jamais. Aucun corps, jamais, n'a vĂ©cu ailleurs que dans le prĂ©sent, aucun esprit, jamais, n'a rien pensĂ© qu'au prĂ©sent. C'est dans le prĂ©sent que nous nous souvenons du passĂ©, c'est dans le prĂ©sent que nous nous projetons dans l'avenir. Le prĂ©sent change tout le temps et il ne cesse jamais d'ĂȘtre lĂ . Et nous en sommes prisonniers. PassagĂšre et prĂ©caire, affreusement temporaire, coincĂ©e entre un avenir qui l'envahit et un passĂ© qui la ronge, notre vie ne cesse jamais de se dĂ©rouler dans un prĂ©sent Ă©ternel - ou quasi Ă©ternel - toujours en train de s'Ă©vanouir et toujours en train de Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 17/09/2013Jamais rĂȘve de gloire ou d'amour n'a occupĂ© les esprits avec tant de force et de constance que la folie de Dieu. Sous les noms les plus divers, sous les formes les plus invraisemblables, il y a quelque chose qui court de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration c'est moi. Que feraient les hommes s'il ne me cherchaient pas? Ils me cherchent - et ils ne me trouvent pas. S'ils me trouvaient, ils ne penseraient plus Ă moi. Parce qu'ils me cherchent sans me trouver, parce qu'ils me nient, parce qu'ils m'espĂšrent, la seule pensĂ©e de Dieu ne cesse jamais de les occuper tout entiers. Je suis un Dieu cachĂ©. Dieu vit Ă jamais parce que les hommes doutent de Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 17/09/2013Ce qu'il y a de mieux dans ce monde, de plus beau, de plus excitant, ce sont les commencements. L'enfance et les matins ont la splendeur des choses neuves. L'existence est souvent terne. NaĂźtre est toujours un bonheur. Il y a dans tout dĂ©but une surprise et une attente qui seront peut-ĂȘtre déçues mais qui donnent au temps qui passe sa couleur et sa Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par Savinien le 17/09/2013MalgrĂ© ce que soutiennent les riches, l'argent suffit Ă faire le bonheur des pauvres; malgrĂ© ce que s'imaginent les pauvres, l'argent ne suffit pas Ă faire le bonheur des Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par jlm le 13/05/2013De toutes les questions posĂ©es par la race meurtriĂšre des biographes et des journalistes en quĂȘte, hĂ©las toujours vaine, d'une originalitĂ© impossible, il en est une qui revient avec une rĂ©gularitĂ© de mĂ©tronome Qu'aviez-vous envie de faire plus tard quand vous Ă©tiez enfant? » Ce que je voulais faire? Je m'en souviens trĂšs clairement, avec une troublante prĂ©cision. C'Ă©tait rien. J'avais envie de vivre et qu'on me fichĂąt la Jean d' OrmessonAjoutĂ©e par jlm le 03/01/2013 Traductionde « Le train de ma vie » par Jean d'Ormesson, français â roumain Deutsch English Español Français Hungarian Italiano Nederlands Polski PortuguĂȘs (Brasil) RomĂąnÄ Svenska TĂŒrkçe ÎλληΜÎčÎșÎŹ ĐŃлгаŃŃĐșĐž Đ ŃŃŃĐșĐžĐč ĐĄŃĐżŃĐșĐž ۧÙŰč۱ۚÙŰ© ÙŰ§Ű±ŰłÛ æ„æŹèȘ íê”ìŽ DĂ©couvrez ce magnifique et inspirant texte de Jean dâOrmesson sur lâexistence et le sens Ă donner aux rencontres que la vie met sur notre chemin. Ă la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos parents. Et on croit quâils voyageront toujours avec nous. Pourtant, Ă une station, nos parents descendront du train, nous laissant seuls continuer le voyage⊠Au fur et Ă mesure que le temps passe, dâautres personnes montent dans le train. Et elles seront importantes notre fratrie, nos amis, nos enfants, mĂȘme lâamour de notre vie. Beaucoup dĂ©missionneront mĂȘme Ă©ventuellement lâamour de notre vie, et laisseront un vide plus ou moins grand. Dâautres seront si discrets quâon ne rĂ©alisera pas quâils ont quittĂ© leurs siĂšges. Ce voyage en train sera plein de joies, de peines, dâattentes, de bonjours, dâau revoirs et dâadieux. Le succĂšs est dâavoir de bonnes relations avec tous les passagers pourvu quâon donne le meilleur de nous-mĂȘmes. On ne sait pas Ă quelle station nous descendrons, donc vivons heureux, aimons et pardonnons. Il est important de le faire car lorsque nous descendrons du train, nous ne devrons laisser que de beaux souvenirs Ă ceux qui continueront leur voyage. Soyons heureux avec ce que nous avons et remercions le ciel de ce voyage fantastique. Aussi, merci dâĂȘtre un des passagers de mon train. Et si je dois descendre Ă la prochaine station, je suis content dâavoir fait un bout de chemin avec vous. Je veux dire Ă chaque personne qui lira ce texte que je vous remercie dâĂȘtre dans ma vie et de voyager dans mon train. » Articles similaires Share Author Corinne Merlo ThĂ©rapeute Holistique You might also like
Letrain de la vie (jean d'Ormesson) Report this post Anne GAYRAUD Anne GAYRAUD ANIMATRICE COMMERCIALE chez Groupe Mutualia Published Jun 4, 2018 + Follow A la naissance, on monte dans le train etDISPARITION - Cela faisait partie de son charme, de sa grande Ă©lĂ©gance. Le romancier et acadĂ©micien français qui vient de s'Ă©teindre Ă l'Ăąge de 92 ans avait un sens aiguisĂ© de la formule. Avec nous avons sĂ©lectionnĂ© ses plus belles travers sa quarantaine de livres et ses trĂšs nombreuses interviews, Jean d'Ormesson laisse Ă la postĂ©ritĂ© des rĂ©flexions qui sont autant de maximes ou d'aphorismes dont il avait le secret. Ă la maniĂšre des grands moralistes du XVIIe siĂšcle comme La BruyĂšre et La Rochefoucauld, il a parsemĂ© son Ćuvre d'une foule de pensĂ©es aussi fines qu'intelligentes. Ă l'occasion de sa disparition, Le Figaro et vous en proposent une sĂ©lection.» LIRE AUSSI - Interviews, livres, archives, hommages... Notre dossier sur Jean d'OrmessonĂ la vie, Ă la mortJ'ai beaucoup ri. J'ai ri du monde et des autres et de moi. Rien n'est trĂšs important. Tout est tragique. Tout ce que nous aimons mourra. Et je mourrai moi aussi. La vie est belle»C'Ă©tait bien, Ă©d. Gallimard, 2003C'est quand il y a quelque chose au-dessus de la vie que la vie devient belle.»Toute mort est un mystĂšre parce que toute vie est un mystĂšre.»Voyez comme on danse, Ă©d. Robert Laffont, 2001Personne ne sait jamais ce qu'on gagne avec une naissance. On n'y gagne que des espĂ©rances, des illusions et des rĂȘves. Il faut attendre la mort pour savoir enfin ce qu'on perd.»Le vagabond qui passe sous une ombrelle trouĂ©e, Ă©d. Gallimard, 1981J'ai peur de mourir pendant son quinquennat. La pensĂ©e que Hollande puisse me rendre hommage me terrifie.»Sur RTL, au micro d'Yves Calvi, le 26 novembre 2014» LIRE AUSSI - Jean d'Ormesson cinq grands livres dans le parcours d'un immortelĂ DieuJ'ai aimĂ© Dieu, qui n'est rien aux yeux des hommes qui ne sont rien. Je n'ai dĂ©testĂ© ni les hommes ni les femmes. Et j'ai aimĂ© la vie qui est beaucoup moins que rien, mais qui est tout pour nous.»Comme un chant d'espĂ©rance, Ă©d. HĂ©loĂŻse d'OrmessonJe trouve que si Dieu n'existe pas, la vie est une farce tellement tragique qu'il faut espĂ©rer Ă tout prix qu'Il existe.»Dans Le Figaro Magazine, 2 janvier 2015Dans une Ă©ternitĂ© et un infini qui sont fermĂ©s Ă jamais aux ĂȘtres dans le temps, Dieu est le nom le plus commode pour le nĂ©ant et pour le tout.»Presque rien sur presque tout, Ă©d. Gallimard, 1997La science, la morale, l'histoire se passent trĂšs bien de Dieu. Ce sont les hommes qui ne s'en passent pas.»Dieu, sa vie, son Ćuvre, Ă©d. Gallimard, 1980 C'est ça qui me fait peur dans le bonheur l'usure, la lassitude, l'effilochage »L'Amour est un plaisirUne autre idĂ©e du bonheurJe crois que si je passe pour l'Ă©crivain du bonheur, c'est parce que je pense qu'il faut ĂȘtre heureux en dĂ©pit de tout le reste.»Dans Le Figaro Magazine, 2 janvier 2015C'est ça qui me fait peur dans le bonheur l'usure, la lassitude, l'effilochage.»L'Amour est un plaisir, Ă©d. Pocket, 1991Tout le bonheur du monde est dans l'inattendu.»Dans LibĂ©ration, le 23 dĂ©cembre 2000L'amourL'amour qui m'Ă©merveille c'est l'amour cynique ou l'amour triste - je vois dans l'un et dans l'autre ce dĂ©sespoir subtil qui refuse les bĂȘtises, les servitudes, les hontes d'une satisfaction arrĂȘtĂ©e. Je crois que l'avenir de l'amour n'appartient ni aux fats ni aux benĂȘts, mais aux salops et aux fous.»L'argentL'argent tombe sur le monde, comme une vĂ©role sur le pauvre peuple, bien aprĂšs la pensĂ©e, bien aprĂšs l'Ă©motion, le cri, le rire, la parole, et aprĂšs l'Ă©criture.»Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit, Ă©d. Robert Laffont, 2013On ne brĂ»le pas encore les livres, mais on les Ă©touffe sous le silence. La censure, aujourd'hui, est vomie par tout le monde. Et, en effet, ce ne sont pas les livres d'adversaires, ce ne sont pas les idĂ©es sĂ©ditieuses que l'on condamne au bĂ»cher de l'oubli ce sont tous les livres et toutes les idĂ©es. Et pourquoi les condamne-t-on? Pour la raison la plus simple parce qu'ils n'attirent pas assez de public, parce qu'ils n'entraĂźnent pas assez de publicitĂ©, parce qu'ils ne rapportent pas assez d'argent. La dictature de l'audimat, c'est la dictature de l'argent. C'est l'argent contre la culture.»Le Figaro, 10 dĂ©cembre 1992 Pouah ! Je n'Ă©cris pas pour faire joli ni pour dĂ©fendre quoi que ce soit. J'Ă©cris pour y voir un peu plus clair »Qu'ai-je donc fait ?La beautĂ©La beautĂ© est un mystĂšre en pleine lumiĂšre»Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit, Ă©d. Robert Laffont, 2013L'Ă©critureJe n'Ă©cris, pour ma part, ni un roman ni des MĂ©moires. J'essaie de comprendre le peu que j'ai fait et comment tout cela s'est emmanchĂ©. Je n'Ă©cris pas pour passer le temps ni pour donner des leçons. Je n'Ă©cris pas pour faire le malin ni pour ouvrir, comme ils disent, des voies nouvelles Ă la littĂ©rature. Pouah! Je n'Ă©cris pas pour faire joli ni pour dĂ©fendre quoi que ce soit. J'Ă©cris pour y voir un peu plus clair et pour ne pas mourir de honte sous les sables de l'oubli.»Qu'ai-je donc fait?, Ă©d. Robert Laffont, 2008La sagesseNe cherchez pas Ă ĂȘtre sage Ă tout prix. La folie est aussi une sagesse. Et la sagesse, une folie.»C'Ă©tait bien, Ă©d. Gallimard, 2003Retrouvez ici toutes les citations de Jean d'Ormesson. Prenezsoin de vous dans la douceur đđ et de ceux que vous aimez.AngĂ©liquement đđđSite web: http://www.fabiange.beMail: fabienneangeline4@gmail.com
Ă la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos parents. Et on croit quâils voyageront toujours avec nous. Pourtant, Ă une station, nos parents descendront du train, nous laissant seuls continuer le voyage⊠Au fur et Ă mesure que le temps passe, dâautres personnes montent dans le train. Et elles seront importantes notre fratrie, nos amis, nos enfants, mĂȘme lâamour de notre vie. Beaucoup dĂ©missionneront mĂȘme Ă©ventuellement lâamour de notre vie, et laisseront un vide plus ou moins grand. Dâautres seront si discrets quâon ne rĂ©alisera pas quâils ont quittĂ© leurs siĂšges. Ce voyage en train sera plein de joies, de peines, dâattentes, de bonjours, dâau-revoirs et dâadieux. Le succĂšs est dâavoir de bonnes relations avec tous les passagers pourvu quâon donne le meilleur de nous-mĂȘmes. On ne sait pas Ă quelle station nous descendrons, donc vivons heureux, aimons et pardonnons. Il est important de le faire car lorsque nous descendrons du train, nous ne devrons laisser que de beaux souvenirs Ă ceux qui continueront leur voyage. Soyons heureux avec ce que nous avons et remercions le ciel de ce voyage fantastique. Aussi, merci dâĂȘtre un des passagers de mon train. Et si je dois descendre Ă la prochaine station, je suis content dâavoir fait un bout de chemin avec vous.
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